Bien malin celui qui parviendra à trouver ici une quelconque trace du style de la Iglesia. Il y a même de quoi se demander ce qui a bien pu attirer le réalisateur espagnol, si ce n'est l'opportunité de travailler avec une belle brochette d'acteurs. Loin du ton foutraque et outrancier (dans le bon sens des termes) de ses autres réalisations, The Oxford Murders donne au contraire l'image d'un polar bien sage et policé, sans grandes surprises, voire parfois bancal.
Il faut dire que de la Iglesia, loin de se permettre la moindre exubérance - excepté un plan séquence important en début de film, ne fait que jouer avec des codes en vigueur depuis belle lurette dans le genre du whodunnit. Le Basque, convaincu que c'est dans les vieux plots qu'on fait les meilleurs films, déroule donc avec humilité ce récit qu'il a lui-même co-écrit, glissant ça et là quelques références hitchcokiennes pour la forme.
Le résultat est loin d'être déplaisant, juste terriblement classique et souvent confus dans ses explications. L'idée d'intégrer l'univers des mathématiques à une enquête policière s'avère brillante, tout comme celle d'opposer deux conceptions de la logique, celles du très cartésien Martin et celle du plus socratique Seldom. Mais plus que les théories et concepts, c'est l'esprit de déduction des personnages qui sabote souvent la crédibilité du film. La logique qui les mène d'indice en indice a de quoi laisser perplexe. Pourtant, contrairement à beaucoup de films du genre qui ne s'économisent pas en twists finaux abracadabrantesques, celui-ci a le mérite d'avoir les idées en place et de proposer un final cohérent avec tout ce qui a été montré depuis le début.
Agréable, mais y'a pas à dire, je préfère de la Iglesia quand il joue à domicile.