Mais que ce film est… BEAU. Ah ça ! On ne pourra pas lui retirer cette qualité là. Pour un film dont les principaux protagonistes sont peintres, il est particulièrement bien venu d’avoir une telle qualité de cadrage, de montage, mais surtout de photographie. Là, rien à redire, l’aspect pictural de ce « Danish Girl » est un vrai régal pour l’œil et ceux qui sauront apprécier cet aspect là dans le cinéma auront clairement de quoi se ravir. Alors certes, cet esthétisme se traduit clairement dans une logique très classique, mais bon, parfois le classique a du bon, surtout quand il est fait avec sensibilité et savoir-faire. Or là, de mon point de vue, je ne vois pas ce qu’on pourrait reprocher à Tom Hooper. Seulement voilà, autant le classicisme de ce film ne me dérange pas dans sa dimension visuelle, autant j’avoue avoir eu beaucoup plus de mal dans l’écriture. Rah… Là, pour le coup, qu’est-ce que c’est lisse. Alors certes, au vu de l’identité affichée très rapidement par le film, je ne me l’imaginais pas raconter cette histoire autrement que sous la forme d’un récit linéaire. Seulement, de la scène d’exposition, à la longue démonstration qui nous est proposée, le récit est plombé par les conventions de langage, et cela jusqu’à la fin. Et c’est dommage, parce qu’encore une fois, quand il se limite à la seule plastique, je trouve que le style Hooper fonctionne. Jamais le film n’est plus beau que lorsqu’il ne parle pas...


Je me permettrais d’ailleurs une petite palme personnelle pour la scène où Einar/Lili va au peep show juste pour aller s’inspirer de la gestuelle de la strip-teaseuse. L’échange entre les deux personnages, tous les deux bannis des conventions, m’a vraiment parlé…


Donc oui, quand il ne parle pas, quand il compose une scène qui peut se lire indépendamment de la narration globale, je trouve que le film marche et que la démarche de l'auteur est pertinente. Seulement voilà, dès qu’il s’agit de s’exprimer verbalement, dès qu’il s’agit d’élancer une histoire avec ses péripéties, tout l’aspect académique, clinique et sophistique de la narration d’Hooper vient lisser tout cela d’un seul trait. Alors après voilà, c’est un pari de Tom Hopper. Il savait qu’il abordait un sujet hors-norme, alors il a voulu le faire intégrer à la norme en le fondant dans une démarche très académique. Certes, ça a l’avantage de la sobriété. Mais bon, pour les spectateurs à fleur de peau comme moi, c’est beaucoup trop policé pour que j’arrive à m’accrocher à quoi que ce soit, surtout quand on parle du corps. Autant une narration désincarnée pour un sujet qui l’est lui aussi (comme c’était le cas de celui du « discours d’un roi »), ça peut encore passer, mais pas quand il s’agit de parler du corps. Quand on entend s’aventurer dans la sphère de l’intime, je suis désolé, mais je pense qu’il faut savoir se livrer un peu. Or ce film n’est pas une mise à nue, c’est une simple démonstration, avec une narration rodée et un discours presque mécanique. Pas de doute, « Danish Girl » a été davantage pensé pour faire la course à l’Oscar plutôt que pour livrer une pensée et un sentiment personnel. Alors après, on peut trouver ça beau, on peut trouver ça touchant, je le conçois pleinement. Si « Imitation Game » vous a touché, je pense que vous vous y retrouverez aisément car on a là, pour moi, un film de la même trempe. Par contre, pour ceux qui comme moi sont restés de glace face à l’académisme du dernier film de Morten Tyldum, alors il faudra s’attendre à un possible ennui. Ainsi, parce que je ne note qu’avec le cœur, même si je lui reconnais des qualités formelles indiscutables, je ne peux clairement pas aller au-delà de deux étoiles me concernant face à ce « Danish Girl ». Après à vous de vous reconnaitre ou pas dans ma sensibilité, mais au moins, vous serez prévenus…

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le 21 sept. 2017

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