Sous ses faux airs de film subversif, c'est en fait une belle bouse consensuelle. Le film est en fait construit non sur des idées de cinéma, mais sur un message, et ne fait rien d'autre que dire et « montrer » rien d'autre que ce dont l'on se doute bien, que l'élection d'un président noir aux Etats-Unis n'est pas la preuve que le racisme a disparu, et qu'il est encore bien ancré dans la société. Alors on te montre une Malcolm X moderne, un bon blanc bien nanti, stupide, raciste et homophobe leader d'une belle bande de blancs de la même espèce, comme ça on te fait une bonne instruction à charge et à décharge dans un sens, à charge complète dans l'autre, et on te fait gentiment passer ça pour un film à nuances. Les blancs et les noirs sont montés les uns contre les autres, malgré les tentatives artificielles de dissimulation, en les faisant coucher ensemble, pour bien faire comprendre que l'opposition n'est pas fondée sur autre chose qu'une question sociale et politique.
Le film est tellement borné sur son message qu'à l'image de ses personnages ridiculement stéréotypés et détestables, il en oublie carrément de faire du cinéma... Les dialogues très très denses et fournis tournent complètement à vide, et les tentatives de faire de l'humour et d'installer des romances sont ratées, tant le film est aseptisé et pris au piège, court-circuité par cette volonté de démonstration sempiternelle, finalement exclusive de subtilité. Et dieu qu'on s'ennuie...
Pour résumer le film est anticinématographique, et si bête qu'il arrive à mettre en porte-à-faux un message pourtant au départ admis et consensuel. Donc non seulement vain mais, pire encore, contre-productif.