Sous ses faux airs de film subversif, c'est en fait une belle bouse consensuelle. Le film est en fait construit non sur des idées de cinéma, mais sur un message, et ne fait rien d'autre que dire et « montrer » rien d'autre que ce dont l'on se doute bien, que l'élection d'un président noir aux Etats-Unis n'est pas la preuve que le racisme a disparu, et qu'il est encore bien ancré dans la société. Alors on te montre une Malcolm X moderne, un bon blanc bien nanti, stupide, raciste et homophobe leader d'une belle bande de blancs de la même espèce, comme ça on te fait une bonne instruction à charge et à décharge dans un sens, à charge complète dans l'autre, et on te fait gentiment passer ça pour un film à nuances. Les blancs et les noirs sont montés les uns contre les autres, malgré les tentatives artificielles de dissimulation, en les faisant coucher ensemble, pour bien faire comprendre que l'opposition n'est pas fondée sur autre chose qu'une question sociale et politique.
Le film est tellement borné sur son message qu'à l'image de ses personnages ridiculement stéréotypés et détestables, il en oublie carrément de faire du cinéma... Les dialogues très très denses et fournis tournent complètement à vide, et les tentatives de faire de l'humour et d'installer des romances sont ratées, tant le film est aseptisé et pris au piège, court-circuité par cette volonté de démonstration sempiternelle, finalement exclusive de subtilité. Et dieu qu'on s'ennuie...
Pour résumer le film est anticinématographique, et si bête qu'il arrive à mettre en porte-à-faux un message pourtant au départ admis et consensuel. Donc non seulement vain mais, pire encore, contre-productif.

Veltins
1
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Historique 2015

Créée

le 1 avr. 2015

Critique lue 1.5K fois

27 j'aime

8 commentaires

Veltins

Écrit par

Critique lue 1.5K fois

27
8

D'autres avis sur Dear White People

Dear White People
Veltins
1

Critique de Dear White People par Veltins

Sous ses faux airs de film subversif, c'est en fait une belle bouse consensuelle. Le film est en fait construit non sur des idées de cinéma, mais sur un message, et ne fait rien d'autre que dire et «...

le 1 avr. 2015

27 j'aime

8

Dear White People
Étienne_B
7

Black Faces

Après une bande annonce qui annonçait de la comédie décomplexée, Dear White People tourne en fait vers le genre du jeu avec les images, avec les cliché et les attitudes véhiculées par les médias,...

le 9 avr. 2015

26 j'aime

Dear White People
ptitpraince
3

Winchester coeurs à vifs

Dear White People m'a furieusement fait penser à une série télé de la fin des années 80, début années 90 genre "les années collège" ou "Hartley coeur à vif". C'est presque un épisode pilote. Je ne...

le 15 avr. 2015

12 j'aime

4

Du même critique

Kids
Veltins
5

Des gosses qui méritent des Clark

Si trouver la définition du cinéma que j'aime est toujours aussi dur, j'ai en revanche une bonne idée du cinéma avec lequel j'ai beaucoup de mal, à savoir les films sur les jeunesses occidentales...

le 18 déc. 2015

17 j'aime

2

Birdman
Veltins
6

Birdman ou (du galvaudage intempestif du plan-séquence)

C'est quoi le problème du plan fixe ? Ou du champ-contrechamp ? Ou juste du montage ? Trop facile ? Ça en met pas suffisamment plein la vue ? Iñarritu se fait un poing...

le 19 mars 2015

9 j'aime

12

Scènes de la vie conjugale
Veltins
10

Critique de Scènes de la vie conjugale par Veltins

Sublime, mais comment pouvait-il en être autrement ? Un titre aussi alléchant par sa simplicité, et le trio Bergman/Ullmann/Josephson ne pouvaient laisser de place au doute. C'était tellement...

le 31 déc. 2015

4 j'aime