Je n'avais pas vu la bande-annonce de ce film, le résumé ne m'avait convaincue qu'à moitié et on m'a finalement motivée (ma moitié et des critiques positives) à aller le voir après 6 semaines à l'affiche.
L'histoire : à notre époque, à Johannesburg, un vaisseau extraterrestre est statique au-dessus de la ville depuis 20 ans. Les extra-terrestres, que l'on nomme avec mépris "crevettes", sont parqués dans un immense camp appelé District 9, au-dessous du vaisseau, géré par une organisation, la MNU. La présence des extraterrestres étant très mal perçue par les habitants de Johannesburg, il est prévu de reloger les extraterrestres dans un camp à 200km de là.
Le film se présente comme un reportage suivant le transfert de la population extraterrestre d'un camp à l'autre.
On nous présente donc le personnage principal, chargé par la MNU de faire signer un accord d'expulsion aux extraterrestres.
Mais des témoignages de membres de sa famille nous font vite comprendre que quelque chose a mal tourné.
L'avantage des films de science-fiction, c'est qu'ils montrent à merveille les défauts de nos sociétés en transposant des situations familières sur d'autres contextes.
District 9 remplit complètement ce rôle, nous montrant la discrimination, le rejet de l'autre par la méconnaissance.
Le parallèle peut facilement être fait avec l'apartheid (panneaux à l'entrée des lieux publics interdisant les extraterrestres), mais aussi avec l'ethnocentrisme (ils sont considérés comme un peuple primitif, voire comme des animaux), ou encore avec la ghettoisation (aucune insertion dans la société -> pauvreté -> trafics en tous genres), voire avec le capitalisme exacerbé, prouvant s'il en était besoin que dépasser les limites de l'humanité est humainement possible (ah, paradoxe tellement humain que de penser que l'horreur des actes de certains membres de son espèce dépasse l'humanité).
La réalisation originale, type reportage, pourrait finir par exaspérer, mais convient tellement bien au propos que le résultat est surtout une immersion accrue dans l'histoire.
On s'attache à ces personnages, qu'ils soient humains ou pas. Les méchants sont très méchants et le restent, mais il n'y a pas vraiment de gentils, juste des personnages qui oscillent entre générosité et égoïsme, entre sauver d'abord leur peau quitte à sacrifier l'autre et prendre le risque de faire confiance.
Les amateurs d'action ne resteront pas sur leur faim non plus. On peut regretter quelques scènes assez gores, mais tout ceci se fait au service de l'histoire.
La fin reste ouverte, on nous autorise au plus grand essimisme comme à l'optimisme le plus naïf.
Un film très réussi donc. A voir.
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