Si j'osais... aller, j'ose, je dirais que le vrai intérêt de cette suite, c'est le trailer d'Avatar 2 diffusé en amont du film. Cependant, deux éléments ne collent pas, d'une part Doctor Strange 2 est un film intéressant et d'autre part, le trailer d'Avatar 2 est loin d'être exceptionnel. Parlons plutôt du film imparfait de Sam Raimi, mais prometteur pour l'avenir de Disney/Marvel.


Doctor Strange 2 est trop dépendant de la série Wanda/Vision qui se pose comme un prélude nécessaire à cette nouvelle itération de l'étrange docteur. Wanda occupant une part importante de l'intrigue, le scénariste part du principe que la série a été assimilée par le spectateur. Bien que relativement dispensable, son importance est capitale pour comprendre ce personnage féminin dont la continuité et l'évolution narrative fait partie de ce que le MCU a fait de mieux. Elizabeth Olsen y interprète toute l'ambiguïté d'un personnage torturé et abîmé par une souffrance profondément ancrée dans ses tripes et dans son coeur.


C'est aussi dans cette histoire que le multivers semble le mieux exploité. Des incohérences il y en a peut-être une pelletée, mais Sam Raimi redouble d'inventivité quand il s'agit de laisser libre court à sa folie créative. Le passage entre les multivers, ce qui s'y passe, ce que l'on découvre, ... il y a quelque chose de nouveau chez Mickey... une noirceur inattendue, du sang, du sale, du viscéral parfois. Cette relative liberté ouvre une multitude d'opportunités narratives dans un système économique qui ne prend plus de risques.


Cette nouvelle vision n'en est encore qu'à ses balbutiements. En effet, si Sam Raimi impose son style, le compromis n'en est pas moins problématique. Aussi divertissant soit le long-métrage, il n'en reste pas moins un bordel monstre dans son écriture dont les transitions manquent cruellement de fluidité comme s'il fallait absolument faire au plus vite. En découle des facilités d'écriture navrantes. Alors que justement, l'histoire de Doctor Strange 2, le miroir et ce rapport entre Strange et Wanda avait toute la légitimité de prendre le temps de se raconter. Là où No Way Home paraissait vide et interminable, Multivers of madness paraît bien plus riche, mais bien plus court malgré ses deux heures de durée.


C'est dans son approche plus mature et sérieuse que l'histoire arrive malgré tout à convaincre. Premièrement, son antagoniste est remarquable, puissant, effrayant et mémorable, en gros, une histoire qui va dans la bonne direction. Ressentir les enjeux et s'attacher au destin des personnages dans une telle production du MCU relevait de l'impossible. Le film trouve un équilibre et démontre tout simplement comment allier des enjeux dramatiques à l'humanité blagueuse des personnages. C'est certes encore imparfait, cela dit, l'approche en dit long sur les possibilités à venir.


Techniquement, Sam Raimi maîtrise parfaitement ses équipes et sa mise en scène, notamment dans ses moments les plus inspirés. A contrario le réalisateur reste dépendant d'un cahier des charges qui pousse à une espèce d'uniformisation impersonnelle et plate de la photographie et à une impossibilité fascinante à y injecter une partition musicale à la hauteur du récit malgré la présence du légendaire compositeur Danny Elfman. À souligner, tout de même, une séquence assez jouissive où la musique y trouve une réelle légitimité.


Pour les fans de continuité c'est toujours du grand n'importe quoi et le déni constant de ce qui s'est passé dans les précédents films en devient absurde. Peut-être avons nous à faire à une phase expérimentale. Dans cette optique, autant être clair avec le spectateur qui risque de bien vite se lasser si les promesses restent au stade de promesses.


Grâce et malgré la crédibilité des personnages admirablement bien défendus par Benedict Cumberbatch, Elizabeth Olsen, Benedict Wong et Xochitl Gomez dans une histoire qui va dans tous les sens, grâce et malgré l'investissement de Sam Raimi et de son équipe, Doctor Strange in the Multivers of Madness est un film aussi divertissant par ses prises de risque et son contenu que frustrant par sa standardisation artistique

MassilNanouche
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le 8 mai 2022

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