Je suis, comme finalement tous les fans de mon âge, un nostalgique de Don Camillo. J'ai découvert le personnage, comme tous les fans de ma génération, à travers des après-midi chez mes grands-parents. Que de rires avec ce Fernandel rendant chèvre les communistes. Cela fut toujours pour moi des moments de gaieté innocente, d'autant plus que je ne me rendais pas compte alors que tous les gens présents à ces après-midi étaient des athées convaincus pourtant largement du côté du curé.
Avec les années et les rediffusions, force fut de constaté que Le Petit Monde de Don Camillo continuait à unir les gens, les esprits et aussi les convictions politiques et religieuses.


Malheureusement, je n'ai que peu vu les suites de Don Camillo. Une fois j'ai bien vu son Retour, et je me rappelle avoir aperçu son passage en Russie, mais Don Camillo Monseigneur, quatrième film de la saga, était alors vierge de tout visionnage pour moi.


Quel plaisir, quelle félicité à redécouvrir ce bon Fernandel dans ce rôle parfait pour lui.
Mais malheureusement, cela fait-il de Don Camillo Monseigneur un film réussi ? Pas forcément, loin de là. On ne va pas le cacher, je ne suis pas sûr d'être très objectif dans ma note ni dans mon affection pour ce film.
En effet, qu'est-ce que j'ai rigolé face à ce film ! L'humour est intact, mais gagne parfois en semi-respectabilité. En effet, Don Camillo est maintenant évêque, Pépone est Sénateur et les deux sont censés avoir plus de prestance, si l'ancien maire ne gagne pas de grandeur, Don Camillo a parfois plus de recul et gagne ici dans l'art du sniper. Pour autant, l'humour habituel est loin d'être perdu.
L'on a donc des gags visuels, des bonnes phrases, des manipulations, du comique d'action, des gestes, des grimaces, des disproportions. Tout est varié et tout est toujours drôle.
La narration garde également la fluidité typique de Don Camillo : plusieurs situations problématiques s'enchaînent amenant l'intervention et l'opposition de Don Camillo et Pépone. De plus, le film n'oublie pas également quelques moments d'émotions puissants et de délivrer quelques messages moraux (et c'est là que le bas blesse).


En effet, loin d'être vierge de défauts, le film contient notamment une moralité typique du début des années 60 avec même une certaine forme de retard : un enfant sans mariage c'est un déshonneur qui mérite largement le suicide, la place d'une femme c'est à la maison à faire à manger et non pas à s'occuper de la vie politique et elle mérite d'être battue pour cela, les lieux de culte même laissés à l'abandon sont plus importants que des lieux utiles pour le concret.
Il faut vraiment être capable d'avaler la pilule dans certains passages clairement gênants.


On regrettera également que ce film reprenne le schéma des époux maudits, opposés entre communisme et religion, déjà vu dans le premier film. Il était alors bien mieux exploité avec une thématique très sombre en arrière-plan, avec le suicide bien mieux mis en scène et bien plus compréhensible. La noirceur était alors de taille.
De même, si Don Camillo gagne en grandeur, comme je le disais, Pépone fait petit en n'ayant aucun ajout réel dans sa manière d'être avec son statut de sénateur.
Ainsi le nouveau statut des deux protagonistes n'est pas un réel ajout pour le film qui garde un schéma tellement habituel qu'on se demande bien si ce film n'est pas, en réalité, un remake du Retour de Don Camillo tant on est dans un esprit similaire et toujours avec l'enchaînement des tableaux typiques de cette saga. Un vrai regret de voir que le film ne justifie pas vraiment son titre.
Enfin, même s'il est toujours bon, on ne peut pas nier que Fernandel a réellement vieilli pour ce film face aux premiers. Une réalité qu'on ne peut combattre mais réel.


In fine, si j'ai passé un très bon moment avec Don Camillo Monseigneur, cela maintient l'idée que je préfère encore revoir le premier ou me surprendre avec La Grande Bagarre mais Monseigneur ne sera pas revu je pense, ou alors dans très longtemps.

mavhoc
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le 28 juil. 2018

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