Oui, pas de quartier, pas de procès, je ne mérite que la peine capitale, je n'aime pas ce film. Je vous laisse libre de trouver la vraie raison : anti-étasunianisme primaire, mauvaise foi patentée, goût de la provocation, de la contradiction, pauvreté mentale, superficialité accablante, voire gratuité absolue. Ou bien ne même pas perdre du temps à en chercher une, peut-être que le mépris est encore la punition la plus adéquate pour un olibrius de mon espèce. Bref, appuyez sur le bouton, qu'on en finisse.


Mais après ce geste salutaire, si vous acceptiez de jouer à un petit jeu ? Inspiré de votre film préféré (2eme du palmarès tout de même, joli concensus pour un film qui cherche à faire trembler les certitudes trop vite décidées) : laissez quelques secondes le doute s'infuser. Ne vous-êtes vous jamais senti manipulé, par toutes ces belles idées humanistes contre lesquelles il serait bien difficile de se dresser ? Ne trouvez-vous pas un peu poussif de passer 1H32 à démontrer ce qu'avance Davis dès la 5eme minute : qu'en toute chose il est bon de savoir raison garder ? N'y a-t-il pas dans tout ça un présupposé bien naïf, reposant peut-être sur un soupçon de démagogie ? Est-ce vraiment une si grande joie de voir un film qui prend aussi peu de risque, à toujours enfoncer les mêmes portes ouvertes sur le paysage ennuyeux de la bonne conscience ? Vraiment ce film vous a apporté quelque chose que vous ne vous connaissiez pas auparavant ? Aucune sensation d'avoir été furieusement brossé dans le sens du poil ?


Moi même, croyez-le ou non, j'ai joué à ce petit jeu, à l'inverse, en me demandant si réellement ce huis-clos interminable était si agaçant que ça. Bof, en fait même pas, tout est cadré, on avance tout droit, en faisant attention à n'être ni trop manichéen ni trop engagé. Pas de quoi fouetter un chat, ou de sortir un carton "2" avec la bave aux lèvres, tout ça se regarde, pourquoi pas ? Un film mou qui cherche l'unanimité, bon... Pour cela il suffit de gommer le cynisme, l'ironie ou le désespoir. Oh que j'aurais aimé qu'à la fin Davis soit le seul à voter "Guilty", ultime pied de nez qui aurait transformé un pensum un peu appliqué en véritable bombe à retardement. On peut rêver... C'est la seule liberté qu'un geolier ne pourra jamais enlever à son prisonnier.

Chaiev
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le 16 août 2012

Modifiée

le 17 août 2012

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