Grand 6 ou petit 7 ? La notation fut assez difficile. L’histoire est de loin le plus gros point faible du film, ce qui est paradoxal vu qu’apparemment c’est la version la plus fidèle au roman d’origine. Je trouve notamment qu’au bout d’un moment, ça commence un peu à tourner en rond, et les personnages ne sont pas ultra intéressants, en dehors de Dracula évidemment. J’aurais aimé voir la romance principale un peu plus développée, car j’ai aimé le peu que j’en ai vu, mais justement, c’est peu. Je suis assez partagé sur le casting, évidemment Gary Oldman dans le rôle de Dracula est excellent, et apporte beaucoup d’humanité et de sensibilité au personnage. En revanche, ça a déjà été dit un million de fois, mais Keanu en Jonathan Harker est une des plus grosses erreurs de casting que j’ai pu voir. Il est totalement largué, ne sait pas quoi faire, est vide d’expression, et son accent (pourtant je suis loin de savoir remarquer les accents, à part dans ce genre de cas extrême) ne fait qu’ajouter à la catastrophe. Je ne peux pas m’arrêter de penser qu’un acteur comme Johnny Depp (surtout à cette époque) aurait vraiment pu tirer son épingle du jeu sans changer quoi que ce soit au script. Anthony Hopkins est quant à lui totalement en roue libre et cabotine comme c’est pas permis, et franchement ça n’a pas marché sur moi. Mais là où le film marche complétement, c’est au niveau de la direction artistique. Si je devais utiliser un mot pour décrire le film, ce serait « généreux ». Qu’il s’agisse des costumes, des décors, ou des maquillages, Coppola a le parti pris d’en faire des caisses, il veut du grandiose, et il nous offre du grandiose, et le tout est sublimé par la superbe photographie n’hésitant jamais à jouer sur les ombres et les couleurs, notamment cette séquence d’intro démentielle. Le montage est aussi dans la même veine, ultra voyant, mais dans le but d’accentuer le côté grandiose du film, superposant les plans, nous offrant des transitions volontairement kitsch, voire même de légères touches d’humour. Enfin, la musique composée par Wojciech Kilar participe énormément à l’ambiance du film et à rendre ce dernier aussi marquant. Sans être une coquille vide, le Coppola de Dracula (ou l’inverse plutôt) est un film qui donne tout ce qu’il peut pour être mémorable, mais délaisse un peu pour cela l’aspect narratif, clairement le plus gros point faible du film. Peut-être que si celui-ci avait été un peu plus travaillé, Dracula aurait fini sur la longue liste des chefs d’œuvres du réalisateur. Je pense malgré tout qu’il s’agit de son œuvre la plus approfondie visuellement parlant, le genre de claque visuelle dont on ne ressort pas intact. Le film a certes bien des défauts, mais sa générosité sans faille n’en fait clairement pas partie.