Violé par les oreilles

Oui, mon âme d'enfant crie sourdine devant tant de mièvrerie.

Si l'original avait tout d'onirique et de merveilleux, si le silence des hommes laissait place à la magie des éléphants, si le trait naïf et coloré invitait à l'hallucination, aux rêves et aux cauchemars d'enfants, le navet de Tim Burton baigne dans une soupe bourrée d'ingrédients, mais finalement fade, dont le mauvais goût présuppose la modernité et enferre l'imaginaire.

La première horreur est ici esthétique, budget illimité pour planter un décor numérique sur fond vert duquel tout suinte le fake, malgré la parade du fric et des effets spécieux. Dumbo a l'allure d'un appareil génital fripé, se débattant transgéniquement dans l'univers du faux, du synthétique, tentant à grands coups d'oreilles d'attendrir nos cœurs, mais ne parvenant qu'à brasser nos estomacs. Car il est vomitif le bouillon de Tim, bourré d'additifs, de colorants et d'édulcorants, tout y est artificiel, prémâché et mauvais pour l'imagination.

Le tout est très très mal filmé, c'est presque une prouesse.

L'autre travers (d’éléphant) est locutif. Exit la faune bariolée aux répliques rares et précieuses, dont les tonalités parodiques résonnaient en contrepoint du mutisme de la société des circassiens, durs et laborieux, marquant cependant le tempo à grands coups de massue. Chez Tim Burton, place aux beaux enfants consensuellement métissés, aux familles fatidiquement désunies, aux amours plats, aux bêtes et méchants et surtout aux monologues insipides explicitant si besoin un manichéisme forcené, gage de la démagogie et de la médiocrité hollywoodiennes.

C'est à s'en arracher les oreilles, faute d'avoir des boules Quies© quadruples XL.