Citizen Vain
Quand le réel est devenu une mauvaise farce continuelle, quel rôle peut encore jouer la satire ? La question avait déjà commencé à émerger en compétition à Cannes 2024, avec The Apprentice d’Ali...
le 16 juil. 2025
78 j'aime
18
Nouveau virage pour Ari Aster après un « Beau is afraid » louable dans sa prise de risque mais extrêmement pénible : il continue de s’éloigner du genre horrifique auquel il doit sa renommée (encore que... ; voir ci-dessous) en proposant un récit dénué de tout élément fantastique.
Le décor renvoie évidemment à l’imaginaire du western mais dans un ancrage ultracontemporain (Covid 19, « Black lives matter », fake news et réseau sociaux) mettant en lumière l’opposition entre les fameuses 2 Amériques irréconciliables. La ville d’Eddington cristallise tous les maux de cette société qui se sont exacerbés depuis les mandats de Trump (on peut y voir certaines allusions via le personnage bas du front et violent interprété par Joaquin Phoenix).
Il est également intéressant de noter dans le long-métrage des réminiscences des premiers films d’horreur d’Aster : la musique inquiétante, une forme d’étrangeté constante et un climat anxiogène.
Mais il ne faudrait pas oublier qu’il s’agit avant tout d’une satyre/comédie noire (on y rit régulièrement) à la façon des meilleurs œuvres des frères Coen (« Fargo » et surtout « No Country for Old Men » par son imagerie proche de celle d’« Eddington »).
Ari Aster a toujours eu un ton caustique dans ses précédentes œuvres mais comme pour « Beau is Afraid », il pousse peut-être ici le curseur un peu trop loin : nous sommes parfois proche de la farce grossière et d’un petit théâtre de marionnette où s’agite des personnages caricaturaux ou superflus (Emma Stone et surtout Austin Butler très peu exploités) auxquels il est difficile de s’attacher. Même Joaquin Phoenix (qui retrouve tout son talent après ses prestations peu inspirées de « Joker - Folie à deux » et de son affreux « Napoléon ») ne parvient pas à rendre crédible son personnage ;
le meurtre du maire semble excessif.
Au final, même si « Eddington » est évidement trop long (Aster devrait s’entourer de monteurs mieux avisés) démonstratif et brouillon (trop de thématiques), Ari Aster a un talent visuel (belle gestion de l’espace et des foules ; comme avec ce « duel » Phoenix/Pascal lors de la fête ou bien avec cette fusillade finale un poil too much mais brillamment mise en scène) et une ambition indéniable qui donnent envie de continuer à suivre de près sa carrière.
Créée
le 21 août 2025
Critique lue 9 fois
Quand le réel est devenu une mauvaise farce continuelle, quel rôle peut encore jouer la satire ? La question avait déjà commencé à émerger en compétition à Cannes 2024, avec The Apprentice d’Ali...
le 16 juil. 2025
78 j'aime
18
Ari Aster est un excellent technicien, c’est incontestable. Mais c’est un type à qui on a souvent dit qu’il était génial, au point qu’il a malheureusement fini par le croire. Donc, à chaque fois...
Par
le 17 juil. 2025
71 j'aime
11
Je me souviens encore du choc qu’avait été pour moi le visionnage d’Hérédité : j’avais immédiatement appelé tous mes amis cinéphiles pour les informer de la bonne nouvelle, Stanley Kubrick avait...
Par
le 19 juil. 2025
28 j'aime
6
Pseudo-cultifié pour sa scène de drague/marche sur la plage (rigolote sans plus), « L’aventure c’est l’aventure » est extrêmement brouillon : on zappe d’une séquence à une autre sans lien apparent...
Par
le 3 oct. 2024
2 j'aime
Ce projet de fin d'étude contient tout ce qui fera le charme (mais aussi les défauts) du cinéma d'Emmanuel Mouret: sous forte influence d'Eric Rohmer, on note déjà son goût pour les dialogues...
Par
le 25 juin 2024
2 j'aime
Sans atteindre les sommets de la filmographie du maitre du suspense, "La loi du silence" est une œuvre singulière qui retient l'attention avec son décor Canadien (très belle séquence d' ouverture...
Par
le 21 mai 2024
2 j'aime