Eddington
6.2
Eddington

Film de Ari Aster (2025)

Nouveau virage pour Ari Aster après un « Beau is afraid » louable dans sa prise de risque mais extrêmement pénible : il continue de s’éloigner du genre horrifique auquel il doit sa renommée (encore que... ; voir ci-dessous) en proposant un récit dénué de tout élément fantastique.


Le décor renvoie évidemment à l’imaginaire du western mais dans un ancrage ultracontemporain (Covid 19, « Black lives matter », fake news et réseau sociaux) mettant en lumière l’opposition entre les fameuses 2 Amériques irréconciliables. La ville d’Eddington cristallise tous les maux de cette société qui se sont exacerbés depuis les mandats de Trump (on peut y voir certaines allusions via le personnage bas du front et violent interprété par Joaquin Phoenix).


Il est également intéressant de noter dans le long-métrage des réminiscences des premiers films d’horreur d’Aster : la musique inquiétante, une forme d’étrangeté constante et un climat anxiogène.


Mais il ne faudrait pas oublier qu’il s’agit avant tout d’une satyre/comédie noire (on y rit régulièrement) à la façon des meilleurs œuvres des frères Coen (« Fargo » et surtout « No Country for Old Men » par son imagerie proche de celle d’« Eddington »).


Ari Aster a toujours eu un ton caustique dans ses précédentes œuvres mais comme pour « Beau is Afraid », il pousse peut-être ici le curseur un peu trop loin : nous sommes parfois proche de la farce grossière et d’un petit théâtre de marionnette où s’agite des personnages caricaturaux ou superflus (Emma Stone et surtout Austin Butler très peu exploités) auxquels il est difficile de s’attacher. Même Joaquin Phoenix (qui retrouve tout son talent après ses prestations peu inspirées de « Joker - Folie à deux » et de son affreux « Napoléon ») ne parvient pas à rendre crédible son personnage ;

le meurtre du maire semble excessif.

Au final, même si « Eddington » est évidement trop long (Aster devrait s’entourer de monteurs mieux avisés) démonstratif et brouillon (trop de thématiques), Ari Aster a un talent visuel (belle gestion de l’espace et des foules ; comme avec ce « duel » Phoenix/Pascal lors de la fête ou bien avec cette fusillade finale un poil too much mais brillamment mise en scène) et une ambition indéniable qui donnent envie de continuer à suivre de près sa carrière.

Doof-Warrior
6
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le 21 août 2025

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Doof Warrior

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