Tout le monde avait une bonne raison de haïr "Elvis", je crois.
Parce que Baz Luhrmann avait jusqu'ici presque systématiquement déçu (son "Gatsby" n'avait de magnifique que le nom).
Parce que sa mise en scène est traditionnellement aussi légère et digeste qu'un énorme pudding.
Parce que le film dure plus de 2h.
Parce qu'Elvis Presley. Et Dieu sait qu'on ne touche pas à Elvis.
Et pourtant... Luhrmann surprend - en TRÈS bien. Pour une fois, sa mise en scène exubérante est pertinente : des travellings incessants pour dynamiser les scènes de concert, des gros plans sur les jambes (et le bassin...) d'Elvis pour enfin représenter à l'écran l'irruption subversive d'Elvis dans la société conservatrice américaine, des changements de points de vue bienvenus (alternant entre celui du Colonel Parker puis de la foule en délire lors des concerts, pour accentuer le contraste des perceptions), des montages alternés très bien sentis.
Une très belle déclaration d'amour au King, à qui il consacre de longues scènes "uncut" de live. Ca valait la peine de faire un film aussi long ! Alors oui, on pourra regretter les effets typographiques tape-à-l’œil et un peu "cheap", ou encore le fait que Luhrmann ne veut faire d'impasse sur aucun épisode de la vie d'Elvis (quitte à charger un peu trop le pudding). Mais ne serait-ce que pour la prestation extraordinaire d'Austin Butler, ou encore pour cette archive bouleversante d'"Unchained Melody", on ne peut que saluer ce qui va certainement faire date dans la représentation d'Elvis au cinéma. Long live the King.