Tony Scott orchestre un techno-thriller improbable avec un Will Smith surexploité et un Gene Hackman sous employé.
En voyant "Ennemi d'état" on a l'impression d'être plongé dans la science fiction, alors que la lecture du dossier de presse nous apprend que tous les artifices utilisés par les espions du film datent déjà de dix ou quinze ans. D'où vient donc ce paradoxe entre ce que l'on voit et ce que l'on voulait vraiment nous montrer? Simplement du manque de rigueur du scénario. Pour nous faire pénétrer dans leur univers les auteurs auraient dû prendre le soin de poser les bases de ce monde technologique tel que décrit dans le film.
Mais non, on est tout de suite balancé dans une ambiance de paranoïa, sans aucune explication. Un ornithologue amateur a filmé par accident le meurtre d'un politicien. Par le plus grand des hasards, il donne la cassette de cette preuve à un ami qu'il n'avait pas revu depuis le lycée. Ce dernier (Will Smith) se retrouve avec la NSA )National Security Agency) sur les basques. Oublions qu'il est avocat et qu'il combat la mafia, car ce sont le genre de subterfuges incongrus que les américains adorent mettre dans leur gros produits. Sans comprendre ce qui lui arrive, il perd son job, son argent, sa femme. Bref du déjà vu qui s'empêtre au fur et à mesure de l'intrigue.
Côté mise en scène, Tony Scott n'a rien inventé d'époustouflant. Il abuse de la caméra portée à l'épaule et d'un montage brutal de plans dépassant rarement les 3 secondes. Cet "Ennemi d'état" est en fait plus le film du producteur Jerry Bruckheimer que celui d'un cinéaste en total manque d'inspiration. Que l'on ne se m'éprenne pas, le produit (car c'est bien de cela qu'il s'agit) reste agréable à suivre. C'est comparable à une bonne soirée T.V. et par chance, on a droit au génial Gene Hackman, mais malheureusement il faut patienter plus d'une heure avant qu'il n'apparaisse.