Le sujet est relativement peu traité au cinéma et pourtant c'est une partie de l'histoire franco-espagnole que je trouve passionnante, la période de la guerre civile en Espagne (1936-1939) et les conséquences du franquisme. À la volée : "Land and Freedom" (Ken Loach, 1995, Royaume-Uni, fiction), "Le Silence des autres" (Almudena Carracedo et Robert Bahar, 2019, Espagne, documentaire), et "Josep" (Aurel, 2020, France, animation). C'est assez maigre comme corpus, pour un conflit qui se solda notamment en France par la Retirada, soit l'exode de centaines de milliers de réfugiés républicains.
Fred Zinnemann aborde la question sous un angle élégant en théorie, sur la base d'éléments adaptés de la vie de Francesc "Quico" Sabaté, un militant anarchiste espagnol et une des principales figures de guérilla anti-franquiste. L'homme considéré comme un bandit particulièrement dangereux par la milice de Franco séjourne dans le sud de la France, en exil, à Pau ; tandis que sa mère est mourante sur un lit d'hôpital côté espagnol, un officier franquiste l'attend de pied ferme pour lui tendre un piège — soit le duel entre Gregory Peck (l'anarchiste) et Anthony Quinn (le fasciste) sans que les deux hommes ne s'adresse la parole de tout le film. Et entre les deux naviguera le personnage interprété par Omar Sharif (personnellement, sans sa moustache, je le trouve parfaitement méconnaissable), un jeune prêtre à la conscience tourmentée par la demande de la vieille femme à l'article de la mort : sera-t-il capable de dépasser le clivage très marqué entre le bandit et l'église, afin d'éviter sa mise à mort ?
Mais bizarrement, le cas de conscience de cet homme de foi ne sera que très peu approfondi, que ce soit dans son accrochage avec la guardia civil ou dans son approche de l'exilé anticlérical. "Behold a Pale Horse" se transforme assez rapidement en thriller ayant pour principale mécanique la circulation de l'information capitale entre différents personnages, avec une taupe plantée au milieu. Zinnemann abandonne l'aspect de conte moral pour se concentrer sur des thèmes proches de la trahison, de l'héroïsme (une scène finale un peu ratée et précipitée), et de la vengeance. Les images d'époque tournées à Pau et Lourdes sont appréciables, mais il y a là assez peu de bravoure cinématographique.