Je ne garde quasiment aucun souvenir du premier Evil Dead, mais je me souviens de ne pas avoir apprécié. L'alternance entre comédie et horreur ne fonctionnait pas. On se retrouvait avec une œuvre bipolaire, incapable de se poser pour traiter ces deux tons correctement. Pour la suite, sortie 6 ans plus tard, Sam Raimi a décidé de trancher au profit de l'humour, pour un résultat assez hallucinant.
Ash, le personnage principal, se retrouve très rapidement au centre d'un grand délire gore en libérant accidentellement une force maléfique qui n'aura de cesse de s'amuser avec lui pendant une heure et demi. Le jeune homme sera malmené physiquement mais aussi psychologiquement, toujours dans l'esprit des Looney Tunes : il sera mordu, poussé dans l'escalier, aspergé de sang de toutes les couleurs, j'en passe et des meilleures.
On atteint pas le niveau de mauvais goût phénoménal de Braindead, mais on sent que la personne derrière la caméra s'est fait plaisir. Les effets spéciaux volontairement anciens (stop motion, marionnettes...) donnent vie à des créatures immondes, qui gardent toujours un côté ridicule de par leurs cris/couinements et des bruitages surrapuyés. On comprend très vite qu'on est face à quelque chose de complètement absurde et qu'il faut juste s'assoir confortablement dans son fauteuil, le sourire au lèvre, et voir jusqu'où on va dans le n'importe quoi. Le film nous aide en rentrant directement dans le vif du sujet et en conservant son rythme nerveux jusqu'à la fin (seul les transitions d'un personnage à un autre semblent trop brutales).
Et malgré ce déluge d'horreurs et d'hémoglobine, le réalisateur n'oublie pas de faire du cinéma ! Il profite d'un budget plus élevé pour multiplier les plans de caméras audacieux (les travellings "à la première personne") ainsi que les effets réussis (en particulier les distorsions). Par ailleurs, Evil Dead 2 s'approprie complètement le hors champ et la suggestion comme moyen de se moquer des codes du genre. De plus, le cadre de la cabane abandonnée, plongée constamment dans une semi-pénombre, apparaît sous son meilleur jour.
En somme, Sam Raimi reprend le concept du premier épisode et le pousse jusqu'au bout dans ce film. Je n'ai qu'une hâte, c'est de voir ce qu'il a pu faire en approfondissant son sujet dans Army of Darkness.