Beaucoup considèrent le film de Michel Audiard curieusement nommé 'Faut pas prendre les enfants du bon dieu pour des canards sauvages' comme une œuvre de seconde zone, un film sans grand intérêt où artificialité serait le maître mot. Certes, il est évident que ce premier film sans doute écrit autour d'une table bien garnie ne rivalise pas avec les grandes comédies de ce scénariste culte nouvellement réalisateur. Pourtant il est bon de remarquer que son génie comique est resté intact.

Du coté du scénario, aucune surprise, Audiard est fidèle a ses premières amours. Au programme, gangsters du dimanche, chapardage de sous et autres coups bas criminels. Le film s'ouvre sur le monologue de présentation de Rita, une jeune femme au joli minois, légèrement sotte mais toute dévouée à son grand but, les hommes qui ont des sous. Elle aussi se donne à cet art du chapardage mais très vite elle se retrouve elle même roulée par son propre partenaire de méfait. Une solution lui reste, aller tout raconter à sa tantine Leontine, malfrate à la retraite mais encore source de crises d'angoisse dans le milieu.
Absurde, ce film ne l'est pas que par son histoire loufoque. Tout ce qui constitue ce film, est marqué par cette absurdité ambiante. Du long générique d'ouverture animé au moindre son post-synchronisé totalement décalé, Audiard use du cinéma même pour desservir cette comédie. Tout cadre, tout raccord est sujet à un probable gag. S'il ne laisse la caméra s'attarder sur le décor ce n'est que pour mieux pour amorcer l'entrée fracassante d'un personnage dans le champ. Des vitres déformantes par exemple, quoi de tel pour exacerber, au profit de l'effet le plus comique, les traits rondouillards d'un homme de main. Ainsi se joue t'il le long de son film du mobilier typiquement sixties. Entre les années du même nom et l'univers des bistrots à papa d'Audiard c'est le choc des cultures et tout est sujet à la dérision pour lui. Derrière cela, il y a aussi une manière d'aller vis à vis de ce cinéma moderne qui ne prône pas les mêmes valeurs que lui. Sous chaque faux raccord outrancier se sache ainsi une légère pointe de sarcasme. Oui, il est bon de nous rappeler que faire du cinéma n'est pas qu'une affaire d'intellect mais aussi de plaisir et d'envie.

Bien sur, l'ultime atout d'Audiard ne réside pas là mais bien dans son talent de dialoguiste, ces mêmes beaucoup, précédemment cités, diront que c'est ce qui sauve le film d'ailleurs. Audiard est un grand amoureux de la langue française et cela ce ressent. L'ouverture du film par exemple portée par le long monologue de Marlène Jobert, en une séquence tout le personnage est définit et par la même occasion le ton du film donné. Expressions franchouillardes et répartie cinglante au rendez vous. Une fois ses bases instaurées, le film donne l'impression d'avancer en roue libre, sans limite, une comédie débridée qui ne répond à aucun code de représentation, pour le plus grand bonheur de nos maxillaires.
BazzBazz
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le 26 févr. 2014

Modifiée

le 20 avr. 2014

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Alexis M

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