J'étais intriguée de voir ce film avec Ellen Page, que j'aime beaucoup, traitant de l'histoire réelle d'un couple lesbien combattant pour l'égalité, surtout trois ans après le propre coming-out de l'actrice.


Le sujet est touchant, mais rien n'est ressenti à travers le film.


Pour résumer brièvement le sujet, Laurel et Stacie se rencontrent et tombent amoureuses, elles achètent une maison, un chien, mais Laurel se voit déclarer un cancer en phase terminale.
Pour assurer à Stacie la possibilité de garder les biens qu'elles ont acquis ensemble, elle fait valoir ses droits pour que sa pension revienne à sa partenaire.
Cependant, en 2005 encore, les partenaires du même sexe ne sont pas reconnus et sujets à de nombreuses inégalitées : la requête de Laurel est refusé. Laurel, agent de police convaincue que justice existe, commence alors une toute autre lutte.


L'histoire vécue par les personnages est forte, pourtant chaque épisode de leurs vies est sans profondeur.
Au moment de la rencontre, il n'y a pas d'accent sur l'importance de cette dernière. On ne sent pas qu'elles vont d'emblée tomber amoureuses : la gêne de Stacie aurait pu être plus accentuée, la forte personnalité de Laurel aurait pu être un peu percé. L'échange est aussi complètement vieux jeu : Laurel écrit son numéro sur le bras de Stacie, leur conversation est sans intérêt.


Le personnage qu'Ellen Page incarne est plutôt stéréotypé, on comprend l'intention de représenter la signifiante masculinité de la vraie Stacie, mais l'exagération est telle qu'on en vient au cliché : matches de sport à gogo, métier dans un milieu de machistes, déteneuse d'une Harley, garde-robe faite de chemises de bûcheron à carreaux, et puis alors de toutes les couleurs possibles !
Cet excès n'est pas justifié car le côté masculin de Stacie n'interfère en rien le déroulement de l'histoire. C'est le premier rôle d'un personnage lesbien qu'incarne Ellen Page, et c'est dommage parce qu'on aurait voulu la voir telle qu'elle est.


La narration est trop rapide, on n'a pas le temps de ressentir quoique ce soit. Il faut arriver au plus vite au refus de la requête, l'élément perturbateur de l'histoire.
L'interaction entre les personnages n'est pas mise à l'avant, les scènes sont enchaînées : à la première rencontre elles échangent leurs numéros, à la deuxième elles couchent ensemble, à la troisième elles parlent d'avoir un chien, puis tient à la quatrième elles achètent un chien ET une maison (ah non pardon, on a été prévenu par l'élipse "Un an plus tard").
Quitte à avoir mis ces scènes, autant s'y attarder un peu plus et à mieux les assembler.


A propos de scènes mal assemblées, il y a un trop grand fossé entre les scènes sur le lieu de travail de Laurel et les scènes du couple.
On se demande même parfois si la scène qu'on est en train de voir a un intérêt pour le film.
Il s'avère que oui, il fallait bien montrer que Laurel est une bonne flic et que sa situation est d'autant plus injuste?


Enfin, je trouve les personnages secondaires sans fond.
Je parle surtout de la soeur de Laurel dont on entend le son de la voix qu'une seule fois dans le film, la première fois où on l'a voit d'ailleurs, où elle sort de la cuisine pour lancer un "Hi" à l'associer de sa soeur puis y rentre aussitôt. 'Nicole attention c'est à toi...et c'est dans la boîte ! Merci tu peux rentrer chez toi.'
Je parles également de cet odieux personnage, un défenseur des droits LGBT nommé Steven, attention "with a V, as VERY gay", mais qui a eu l'idée d'inventer un personnage pareil ? Sans parler de ces slogans pétés des plus ennuyants. "You! Got! The! Po-wer! You..." non je vais vous épargnez cela.
Il en est de même pour la mère de la jeune Stacie, on ne la voit qu'à la fin dans certaines scènes à l'hôpital, puis elle ne parle qu'une seule fois pour encourager sa fille à demander une aide.
Aussi bien pour la mère de Stacie que pour la soeur qui ne devait avoir un contrat que pour dire "Hi", c'est dommage d'avoir intégré ces personnages sans qu'ils aient plus d'impact sur ce qu'il arrive au couple.


Voilà, j'aimerais m'arrêter avant que mon pavé ne soit trop imbuvable. En résumé, c'est une bonne idée d'avoir voulu faire un nouveau film sur le sujet (en effet c'est déjà adapté d'un documentaire), pourtant on est pas du tout transpercé.
Je pense que la composition musicale en a aussi pour quelque chose, on est jamais submergé par la musique, ce qui peut parraître tant "sauce à l'américaine" mais, le niez pas, fonctionne quand même. Surtout que la musique est co-composée par HANS ZIMMER bordel !


Je finirai en soulignant deux points positives du film :
- les réunions machistes entre les freeholders sont plutôt drôles.
- le discours de l'associé de Laurel au moment décisif est brillant, autant que l'est Michael Shannon dans ce rôle.

maevamc
5
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le 31 mai 2016

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M C

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