Chatroce

Je suis allé voir les Gabbychats avec ma fille qui connaissait ce truc sans que je sache vraiment comment. C’est un mélange de Toy Story, Dora l’exploratrice et une VHS Leclerc des années 90. L’objectif de ce film est clairement promotionnel… et j’ai pas forcément quelque chose contre ça. La grande aventure Lego et Barbie ont montré qu’on pouvait détourner ça pour en faire une proposition de cinéma. On notera quand même que ces deux films et surtout Barbie échouaient à s’adresser aux plus petits. Ce film réussit au moins ça… mais comment ? Avec un univers pop et coloré flashy qui tabasse la rétine, des animaux mignons, des chansons joyeuse et beaucoup beaucoup de sucre. Souvent c’est assez dynamique, ce qui empêche de trop réfléchir à ce qu’on regarde.

Certaines scènes traînent en longueur provoquant le malaise et le questionnement de « mais pourquoi ? » (coucou toutes les scènes avec Kristen Wig et le chat le moins cinématographique de l’histoire).

Laila Lokhart qui essaie de jouer une enfant de 10 ans (mais qui en a 17) apporte aussi pas mal de séquences gênantes. Le propos du film étant « est-ce qu’on est vraiment obligé de grandir ? », on a vraiment envie de lui hurler : OUI PUTAIN, GRANDIS… être un enfant c’est pas être complètement immature… avoir de l’imagination c’est pas croire qu’on va jouer avec ses jouets toute sa vie.

C’est là où la comparaison avec Toy Story pique le plus. Dans Toy Story, le fait que Andy grandisse et arrête de jouer est inéluctable. Ça ne veut pas dire qu’il n’aime plus ses jouets, c’est juste qu’à un moment donné on passe à autre chose, et que le plaisir peut par exemple se produire dans la transmission à un autre. C’est en germe dès le 1 et c’est toute la thématique du 3.

Dans Gabby les personnages posent les mêmes questions mais la réponse est : on peut décider de jouer avec ses jouets toute sa vie parce que évoluer et grandir c’est pas bien, ça fait de nous des gens stressés et tristes (et on peut continuer à acheter des merdes en plastique comme ça, pas de problèmes !).
Alors certes, le personnage de Kristen Wig dit clairement « je ne veux pas que tu crois que c’est une mauvaise chose d’être adulte et de grandir » mais elle le dit avant qu’elle ait son arc de rédemption où elle va littéralement redevenir une enfant qui va jouer avec son jouet.

Bref le fond est très maladroit (en espérant que ce soit pas volontaire).

Sur la forme, quelques séquences auraient pu être fort sympathiques mais elles ne sont pas mises en scène. Il y a beaucoup de courses poursuites, dans les airs, sur la route (avec l’inéluctable passage de feu rouge). Alors je demandais pas Mad Max hein mais quand même, quelques trouvailles qui rendraient l’expérience intéressante. C’était facile en plus, le personnage de Kristen Wig collectionne les trucs en rapport avec les chats. Il suffisait de surcharger le décor et de faire voler les personnages là dedans ! Tout est oubliable… c’est triste… je pense que ma fille a déjà oublié toutes les scènes.
Dans le gâteau géant à la fin c’est un peu sympa… mais ils ont trouvé le moyen de nous faire une scène avec un pont de singe qui casse au dessus du vide rougeoyant comme si y avait de la lave… qu’est ce que ça coûtait d’en faire de la confiture de fraise ?
C’est paresseux tout le temps…
L’humour est cringe à chaque instant (ma fille n’a pas ri une fois… même moi j’ai plus soufflé du nez qu’elle… j’essayais encore d’y croire). Je suis pas surpris que le réal soit aussi le scénariste de Shrek 4 (haha le chat Potté est gros, donc c’est rigolo…). Bon c’est sûrement pas de sa faute, le projet pue l’opportunisme a plein nez.

Le plus gros partie pris de ce film c’est les nombreuses fois où les personnages brisent le 4eme mur pour s’adresser au spectateur et lui demander de chanter ou de tenir la main d’une personne qu’on aime.
J’ai jamais vu que ça marchait dans Dora sur des enfants qui sont seuls chez eux… alors au milieu d’une salle de cinéma… sérieux, qui fait ça ?
Imaginez : une fille de 17ans déguisée avec des oreilles de chat et se comportant comme une fille de 10 ans, regard caméra, sourire très surexagéré, qui chante « allez, tous ensemble ! un pincement à gauche double pincement à droite ! »…

J’en ai encore des frissons…