Godland par Ygor Parizel

Godland est une vraie expérience cinématographique, réalisée par le méconnu cinéaste islandais Hlynur Palmason. Le film raconte l'évangélisation, la colonisation d'une région d'Islande par un pasteur danois; la première partie du récit s'occupe du voyage, de l'expédition à travers les contrées sauvages de l'île volcanique ou le personnage principal va presque y laisser sa peau pour ensuite montrer la vie des villageois avec comme fil-rouge la construction de l'église. Il est question de spiritualité et de nature, mais aussi de tentation et de jalousie dans la second moitié, avec une vrai dimension psychologique et/ou métaphysique. Le style de mise en scène est âpre voir exigeant, sans fioritures, de l'image de la Nature nette et grandiose (existe-t-il un pays plus cinématographique que l'Islande ?) mais ce qui frappe c'est le choix de format avec un cadre carré à l'ancienne, comme au temps du cinéma muet de Dreyer ou Sjöström collant idéalement aux rochers, aux collines et autres beautés topographiques. Il y a vraiment de formidables moments de cinéma, notamment des merveilles de scènes en travellings latéraux, circulaires même en plan-séquence parfaitement chorégraphiés et des séquences de transitions oniriques au découpage plus cut que pour le reste plus dans la contemplation.