Shin Gojira n'est pas le meilleur film à voir quand on est ignorant de la franchise Godzilla, pourtant il a aussi un fort côté éclairant quand on sait que ces films sont un moyen d'exorciser les traumatismes. La surprise est qu'Anno en fait un chaos comique où tout se rencontre, passant agilement du ressentiment envers les Américains à l'autodérision. Le rapport à l'étranger coexiste avec celui qu'on entretient avec le concitoyen : c'est complet.
La Seconde Guerre mondiale commence à se faire vieille, elle n'est plus au goût du jour et il y a un grand risque de pêcher par désinvolture à la remplacer par quelque chose de plus actuel au cœur du célèbre kaiju, pourtant le réalisateur a parfaitement su convertir la souffrance d'une génération en celle d'une autre, en parodiant la nouvelle juste assez pour préserver l'hommage à la souffrance passée, sans désinvolture ni péjoration. Je ne peux pas juger de sa valeur de reboot en tant que néophyte, mais partout le décalage a du sens et c'est assez admirable.