Ce film ne dénoterait pas dans un cabinet de curiosités.

Il s'agit de l'histoire, adapté d'un roman lui même inspiré par le tueur en série allemand Fritz Honka, de ce cher monsieur Honka, donc. Il est laid. Il n'a rien pour lui. Son appartement est minable, il passe ses journées dans un bistrot miteux avec une bande d'habitués et paie des verres aux femmes seules, âgées, désespérées, et pas très gracieuses également. Parfois, ce geste pousse les femmes à le suivre chez lui. Il en tue certaines, noue des relations qu'il voudrait être dominant/dominé avec d'autres...


Le film est âpre. Il n'épargne rien au spectateur. Ni la violence, ni l'horreur, ni l'indicible dégout, ni même je dirais, l'odeur épouvantable qui s'échappe de chez lui et qui semble poisser hors de l'écran. Et pourtant, ce n'est pas un film putassier, ni un film de genre, que ce soit gore, ou horreur... La violence est là, mais on ne voit pas de gros plans sur les visages qui s'abiment, ni les viols en gros plans, ni même ! les meurtres. On l'entend. On le devine. On voit le bras, le poing qui se lève et s'abaisse, les jambes qui ne bougent plus....


Pas une révolution en soit, me direz-vous? Je vous l'accorde. Mais il se passe quelque chose d'autre dans ce film, en tout cas pour moi. Un cow-boy de ma connaissance pourrait vous dire que je ne suis pas du genre à avoir des réactions physiques aux films. Je ne suis pas non plus de celles qui d'habitude comprennent ou souhaitent la violence comme moyen de vengeance. Et là, pour la première fois (et oserais-je le dire, j'espère la dernière), le film m'a donné la nausée. J'avais des pulsions de violence contre ce type, j'aurais voulu qu'elles lui fassent regretter d'avoir oser lever la main sur elles, ces femmes, qu'elles le torturent. J'ai mis quinze bonnes minutes à faire passer mon envie de vomir une fois le film terminé.


C'est pour ça que je lui mets 8. Je ne sais pas si j'ai aimé ce film, j'espérais toujours en voir la fin à la scène qui arrivait, et ça ne finissait pas, j'étais bloquée là avec lui. Ce n'est pas un film que je souhaite revoir. Mais si je ne l'ai pas aimé, il m'a fait ressentir des choses, et le jeu des acteurs, la mise en scène, la photo, tout, semble travailler au même but, je trouve ça admirable.


Petit aparté sur les acteurs, Jonas Dassler, qui joue Fritz Honka, est franchement séduisant sans maquillage. Jamais je n'aurais pu deviner le visage qui se cachait sous Honka. Ce qui fait une mention spéciale de plus, pour les maquilleurs, et l'incarnation de Dassler.

EIA
8
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le 19 mars 2023

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