Bon sentiment cherche bon réalisateur désespérément

Un avocat engagé, au passé sombre mais désormais revenu dans le droit chemin, et à la vie sentimentale délicate va se battre seul contre tous, ou presque pour faire éclater la vérité et défendre les petites gens.
Face à lui, le système, système symbolisé par la figure tutélaire de Mathias, joué par l'excellent Pierre Niney et de son acolyte Paul, joué par le moins bon qu'habituellement Laurent Stocker.
Ces 2 grands méchants, cynique, désabusé, n'en ont rien à faire des conséquences de leur action, et son prêt à tous pour un peu plus de profit, de même que les entreprises qu'ils défendent.
En fin de film cependant, le plus âgé des 2, en pleine crise existentielle extrêmement dévellopé hors champ et dans les scènes qu'on imagine coupé au montage va revenir dans le droit chemin et aider les gueux, euh pardon les pauvres a s'en sortir, ou au moins à soulever l'opinion populaire.
La fin poignante, est un cri d'alarme lancé par une Emmanuel Bercot, que l'on n'avait jamais vu aussi expressive.


Vous avez l'impression d'avoir déjà vu ce film ?
C'est normal, nous aussi.
Mais bon, vous allez me dire, qui peut encore prétendre être original aujourd'hui, toutes les histoires n'ont elle pas été raconté, reste t'il un cinéaste autre que Lars Van Trier, prêt à réaliser les histoires manquantes...
Et vous aurez raison, derrière ce scénario extrêmement convenu pourrait se cacher un bon film.
Mais non, le long métrage est d'une grande indigence.


Le traitement du sujet est catastrophique, lorgnant sur les thrillers environnementaux à l'américaine comme Dark Waters, saupoudré un peu de naturalisme à la française.
Et le plus gros problème est la, il ne suffit pas de le vouloir pour être Abdellatif Kechiche pour être aussi juste et subtil que lui, pour décrire les classes sociales aussi bien qu'il a pu le faire dans la Vie d'Adele. Ici l'opposition riches/pauvres est assez lourde, appuyé, et superficielle avec les scènes qui se répondent vaguement où l'on voit des fêtes entre prolos et des fêtes entre riches, des anniversaires de pauvres puis celui de riches etc, Mais Quelle lourdeur !


Le réalisateur tente d'humaniser ses personnages mais, l'avocat joué par un Gilles Lelouche; aussi balourd qu'on peut l'imaginer, dans un surjeu absolument horripilant; n'est rien d'autre qu'un cliché sur pattes.
Quand aux victimes, les scènes de fête ou de complicité entre la famille sont ratées, et on a beaucoup de mal à y croire ou même a comprendre les intentions du réalisateur.
Par exemple, la scène ou le personnage joué par Emmanuelle Bercot; qu'on aura jamais vu aussi mauvaise, comme quoi glorifier constamment le jeu d'un acteur sans comprendre que cela dépend grandement du réalisateur est assez révélateur d'une méconnaissance profonde du cinéma; bref la cène ou Emmanuelle Bercot et son mari malade vont prendre un bain de minuit, est d'abord filmé au plus près des acteurs, la caméra court avec eux, nage un peu avec eux, et l'on se dit au moins que même si l'effet ne marche pas, sans doute a cause de l'absence totale d'alchimie entre les 2 personnages, l'on se dit au moins que le réalisateur à de l'idée, de l'idée simple mais de l'idée, qui peut même être efficace si c'est bien fait et nous permettent de vite ressentir l'amour de ce couple.
Mais non, au bout de 25 secondes, il y a un cut brutal et la caméra recule de 10 mètres pour nous offrir un joli plan mais qui n'évoque rien... puis nouveau cut et on est proche à nouveau, puis cut et on s'est encore éloigné, et fin de la séquence.
C'est le genre de scène qui illustre bien la totale absence de direction artistique.


Reste à sauver, la prestation de Pierre Niney, qui joue un personnage sans nuance et sans grand intérêt mais parvient par son charisme et sa prestation à l'humaniser un peu, malgré des dialogues d'une grande bêtise, comme la scène dans le bar à escortes en Russie...


Une fois encore, les bons sentiments, les causes justes, partagées par tous, ne font pas pour autant les bons films.
Goliath en est un très bonne exemple, tant les idées défendues par le film sont presque unanimement partagées, nous y compris, et mériterait un meilleur traitement plus originale et surtout plus subtil...
Dès lors, le visionnage de cette daube nous est particulièrement difficile...

Créée

le 12 mars 2022

Critique lue 422 fois

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Ajax-le-Grand

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