Halloween : 20 ans après par RemyD
Vingt ans après le chef-d'oeuvre de John Carpenter, Steve Miner redonne vie au plus mémorable serial killer du Septième Art: Michael Myers.
Dans le film de Carpenter, une jeune baby-sitter, Laurie Strode (Jamie Lee Curtis) avait affaire avec un fou de la pire espèce qui s'avère être son propre frère. Le prologue de "Halloween" nous montrait ce dernier à l'âge de six ans en train de trucider sa soeur de dix-sept la nuit d'Halloween, à coups de couteau de boucher. A cet époque Laurie n'existait pas encore. Elle est confrontée à son charmant frère l'année de ses dix-sept ans, le 31 octobre.
Vingt ans plus tard, elle s'appelle Keri Tate et dirige un lycée dans la petite ville de Summer Glen. Cet endroit ressemble plus à un camp fortifié qu'à une véritable école, pour la simple et bonne raison que Laurie attend toujours la venue de Michael. De plus, cette année, son fils unique fête ses dix-sept printemps. Une nouvelle fois c'est un prologue, marque de fabrique de la série, qui nous rend attentif à l'évasion de Michael. Il rejoint sa soeur et l'affrontement commence.
Ces dernières années, Wes Craven, heureux père de Freddy Krueger, relança le genre du film d'épouvante grâce à "Scream", une brillante thèse cinématographique. Puis, vint le temps des nanars puisant jusqu'à l'indigestion dans le même style: pour mémoire, le débilissime "souviens-toi l'été dernier". Aujourd'hui, c'est un spécialiste de l'horreur qui reprend le flambeau. Steve Miner compte à son actif deux épisodes de "Vendredi 13", "Warlock" et "House". Après un passage à vide ("Forever Young" et "My Father, this Hero" avec lesquels il a vainement essayer de se faire un nom au près du grand public), il revient dans un registre qu'il connaît par coeur.
Bien sûr, il est impossible de ne pas comparer son film avec celui de Carpenter qui est en ce moment l'un des fers de lances des rediffusions télévisées. Là où Carpenter suggérait, Miner appuie avec un savoir-faire magistral: "Halloween H20" débute sur une citrouille que l'on débite. Il joue sur le suspense en y insufflant une bonne dose d'humour et de nombreuses références. L'une des plus réussies met face-à-face Jamie Lee Curtis et sa mère Janet Leigh, l'inoubliable victime de Norman Bates ("Psycho" d'Alfred Hitchcock). Dans le film de Miner, lorsqu'elle s'éloigne de Laurie après lui avoir donné un conseil, le génial John Ottman nous offre quelques notes du thème de "Psycho". C'est subtile et parfaitement intégré. Le même Ottman s'amuse à reprendre la musique électronique originale de Carpenter, en l'interprétant avec un orchestre symphonique. Il utilise une flûte haut perchée, parfois accompagnée de lourdes percussions, pour nous faire sentir la présence de Michael.
Autre idée géniale: reprendre Jamie Lee Curtis, surnommée la scream queen (=la reine du cri). Et elle hurle dès sa première apparition à l'écran. "Halloween H20" lui offre un rôle complexe qu'elle rend à merveille. Elle compose une Laurie Strode paranoïaque, alcoolique et frustrée. Jusqu'au jour où son indésirable frère réapparaît dans sa vie. Là, l'actrice fait ressortir une rage comme rarement un écran de cinéma en fut témoin: il faut la voir hurler "Michael", une hache à la main. Comme si elle voulait en finir une fois pour toute avec ce rôle qui lui colle à la peau depuis le début de sa carrière. Elle est magistrale. Pour ce faire elle bénéficie d'un scénario de Robert Zappia qui se fait une joie de puiser dans tous les clichés du genre pour parvenir à un final proche d'une tragédie antique.
Un sans faute à voir pour revivre ses peurs d'enfants.