Hannibal Lecter - Les Origines du mal par Fredo
Nous sommes très loin d'un thriller habituel. Puisque Harris s'évertue à décrire un traumatisme, le processus qui va faire devenir Lecter encore plus monstrueux que ceux qui l'ont provoqué. Ça me renvoie à un conte des frères Grimm. Nous sommes bien sur à des années lumières de Dragon Rouge, d'Hannibal et du Silence. Le personnage principal n'est plus un flic comme Starling mais un tueur sur le devenir.
Il ne faut pas s'attendre à un nouveau Silence alors que Harris s'évertue à rester en terrain connu.
Il me tarde de lire vraiment un jour un nouveau Harris, parce que depuis le temps, rien de vraiment neuf hein. Qu'il se mette vraiment en danger en proposant une histoire avec des personnages nouveaux. A quand un nouveau thriller 100% origonal ? Peut être que riche comme il est, il n'en n'éprouve plus le besoin et j'aurai aimé avoir le point de vue de l'écrivain. Cette omniprésence de Lecter dans ces derniers romans va bien avoir une fin un jour quand même... Harris me fait penser à George Lucas, à user un concept qui l'a rendu millionnaire, à l'user jusqu'à la corde... Comme un chanteur qui a fait un tube planétaire et qui vient et revient en ne chantant que cet air là.
Mais la mise en place des évènements dans sa jeunesse est intéressante. Horrible et raffiné. La définition de Lecter quoi.
C'est la genèse d'un monstre, crée par des monstres.
Comment un enfant intelligent, enjoué et finalement comme les autres va devenir l'un des plus dangereux et célèbre tueur en série de la littérature policière ?
Que reste-t-il d'humain chez un petit garçon qui assiste à la mort de sa sœur adorée dans de tel circonstance ?
Ce qui est fascinant dans ce livre, c'est que l'on voit comment Lecter se "construit". Grâce à son précepteur, celui-ci va lui apprendre à "se souvenir" de tout. Il va l'aider à ériger un palais de l'esprit.
Et c'est justement sur cela que débute le roman, la visite des méandres de l'esprit d'Hannibal Lecter. C'est l'édification de ce palais mental, via son percepteur, et l'optimisation que va en faire Lecter durant son adolescence qui va lui permettre de devenir particulièrement brillant dans tous ce qu'il entreprendra. Il peut prendre un livre, le lire et le rendre au bout d'une semaine, puisqu'il aura alors assimiler chaque donnée y figurant qui l'aura intéressé. C'est cette mémoire qui va lui permettre de se souvenir du visage des bourreaux de sa soeur...
J'ai aimé aussi l'exploration du coté raffiné de Lecter. Son apprentissage de la culture japonaise via sa "belle mère" va lui donner la dimension romantique qu'on lui connaît. Sa faculté quasi surhumaine à capter tel ou tel flagrance, tel ou tel saveur, ses dons de poète, sa délicatesse, ses dons pour le dessin et la calligraphie, sont certainement le fruit de l'influence d'une femme, Dame Murasaki, alias Murasaki Shikibu.
Frédéric Fontès