Les amateurs de cinéma de série B / Z connaissent sans doute Jim Wynorski, l’homme qui s’était donné pour mission de mettre au moins cinq paires de seins dans les 103 films de seconde zone, voire troisième zone, de sa filmographie. Pour donner une idée à ceux qui ne le connaitraient pas, il est derrière des titres évocateurs tels que Le Vampire de L’espace (1988), Scream Queen Hot Tub Party (1991), Virtual Desire (1995) ou encore Cheerleader Massacre (2003). Jim Wynorski, le Shakespeare du boobs, le Verlaine du nibard, le Molière de la tétine, le Kubrick du nichon. Plus y’a de boobs, plus l’entrejambe du spectateur masculin frétille, alors il faut en abuser ! C’est sans doute sa devise. Enfin, j’imagine… Et Hard to Die délivre exactement ce qu’il promettait sur le papier : de l’action, du sang, des meurtres, du fun, et des boobs !


Dans Hard to Die, on va suivre 5 donzelles pas frileuses qui vont faire l’inventaire du magasin de lingerie dans lequel elles travaillent. Un paquet va leur être livré par erreur, et en grande curieuses qu’elles sont, elles vont l’ouvrir et vont libérer d’une boite l’esprit d’un tueur qui va se réfugier dans l’une d’elles. Mais rapidement, elles vont avoir l’impression que l’esprit est allé prendre le contrôle du concierge un peu limité et que ce dernier veut les tuer.
D’entrée de jeu, une vieille musique synthé dégueulasse et quatre demoiselles en courte tenue, arborant de magnifiques coiffures façon 80’s. Vous mesdemoiselles, je mets ma main à couper qu’on vous voit à poil dans pas longtemps ! Le dernier personnage principal arrive aussitôt, un homme fort plus proche du bucheron canadien que du concierge, un balèze déambulant tel un zombie (mais il n’en est pas un hein, la mode zombie était un peu passée en 1990) et peu loquace. Ce dernier leur raconte l’histoire du tueur de Sorority House Massacre 2 (vu que Hard to Die est en quelque sorte Sorority House Massacre 3) et là, bim, flashback permettant de recycler une scène du 2… ah non, pardon, une scène de Slumber Party Massacre. Ah les cons, ils se sont plantés de film ! Mais bon, ce n’est pas grave, ça reste une production Corman, Accent Don Corleone c’est la famille !


Les premiers boobs mettent du temps à arriver, à 11min36 tout de même, ceux d’une employée qui tire un coup avec le patron parce que voilà, c’est plus simple pour avoir une promotion. Meuh non, ceci n’est pas un cliché. Il est donc de bon ton de mettre en place le compteur de boobs. Plan boobs : 1. Et soudain, on rentre dans le vif du sujet, nos 5 demoiselles reçoivent à leur travail un paquet carré qui ne leur est pas destiné mais qui était pour un docteur ? scientifique ? faisant des études en vaudou ? Et bim, le paquet se met à bouger tout seul ! Ahah, on n’est pas seulement dans un thriller à base de boobs et d’effets gores, on va aussi avoir droit à une dose de surnaturel. Jim Wynorski est le maitre du mélange des genres. Attention, de la foudre mal faite s’abat sur leur immeuble. Sans doute le signe du début des hostilités. Bon, il faut trouver un prétexte pour les déshabiller. Tiens, et si de la fumée sortait d’on ne sait où pour on ne sait quelle raison histoire de déclencher les arroseurs au plafond, mouiller lesdites demoiselles, et les forcer à se changer et donc par conséquent montrer leurs formes au spectateur avide de ce genre de nanardisess ? Entre temps, pour bien nous faire croire que le futur tueur en série du bâtiment est bien détraqué, on le voit manger des tartines sur lesquelles il a mis des tranches de viande crue. Plan Boobs : 2, par une figurante à poil qui vient balancer une réplique sans intérêt dans le fond. Retour sur notre groupe de morues… euh de vendeuses faisant un inventaire qui finissent donc par ouvrir le mystérieux colis gigoteur duquel sort un esprit gratté sur la pellicule car oui, chez Wynorski, il est de bon ton de montrer qu’on est balèze en SFX de merde.


Une scène de douche inutile et donc indispensable dans ce genre de films –Plan Boobs : 3– et comme c’est ce qu’on fait dans ce genre de situation, on sort de la douche en nuisette, sur son lieu de travail et on va vaquer à ses occupations dans cette tenue. Et on répète la scène de douche pour les autres actrices, Plan Boobs : 4 / Plan Boobs : 5, car il est de bon ton de faire comme les petites copines. Et on remarque assez vite que nos pintadettes aiment se balader en sous-vêtements. Si si, c’est tout à fait normal de faire ça quand on fait l’inventaire de son magasin. Et là, tan tan tan, du faux suspense de fou qui ne fait pas peur pour nous faire croire que le bucheron et sa chemise à carreaux rouges vont rentrer en action. Ça va saigner ! Ouais, du meurtre au crochet, miam ! Du meurtre avec des boobs, COMBO ! Plan Boobs : 6. Et… Et… le compteur boobs s’arrêtera là. Oui, que 6 plans nichons… Mais en 35 minutes, cela nous fait tout de même un joli ratio. Certes, c’est la fin du téton qui pointe, mais je vous rassure, elles ne quitteront à aucun moment leurs petite lingerie. C’est toujours ça de pris.
Bref, deux mortes en à peine 35 minutes, mais c’est qu’on va rapidement manquer d’actrices et notre bucheron n’aura plus rien à liquider. Donc on fait arriver de la nouvelle minette habillée en euh… hippie mamie allant à la neige ? J’avoue être curieux du budget costumes… Ah ben non, à peine 30 secondes de présence à l’écran et la voilà déjà transformée en torche humaine…


Histoire que le film dure plus que 50 minutes, on rajoute une sous-intrigue inutile où un duo de flics doit récupérer le fameux colis. Voilà, ça c’est fait, on peut revenir aux cuissots dénudés et décolletés plongeants. Nos demoiselles se mettent à réfléchir et commencent à se demander où sont leurs deux copines qu’elles n’ont pas vues depuis au moins euh, 5 minutes ? Et là, découverte du pot-aux-roses, elles tombent nez à nez avec les cadavres et un bucheron de plus en plus patibulaire, inquiétant et mauvais acteur. Quand soudain, sur un plan furtif, une affiche de film sur un mur attire mon attention. Rembobinage et lecture de nouveau. Mais oui, j’avais bien vu, c’est bel et bien l’affiche de l’énorme nanar Deathstalker II réalisé par, je vous le donne en mille, Jim Wynorski lui-même ! Car oui, un peu d’auto-promo, ça n’a jamais tué personne. Et puis, qui ferait de la promo pour un nanar de Wynorski si ce n’est lui-même…
Comme dans tout bon slasher qui se respecte, nos pimbêches vont se séparer car, comme tout le monde le sait, tout bon nanar se doit d’aligner du cliché à outrance. A partir de là, notre gentil bucheron va en prendre plein la gueule. Coups de poubelle, de pique à post-it, de genoux dans les roustons, des balles, étranglement, mais il se relèvera toujours. Oh là là, qu’il est dur à tuer, et bim ! Voilà, on a notre titre : Hard to Die ! C’est quand même bien fait. Bah oui, ça a la peau dure les bucherons canadiens, il faut bien ça pour tuer des ours à mains nues.


Tout à coup nous arrive en pleine face une scène complètement inutile de tournage de film porno où le réalisateur n’est autre que Jim Wynorski lui-même. Et lorsque la police intervient sur le tournage pour les arrêter, celui-ci leur balance avec aplomb « Qu’est-ce que vous avez contre l’art ? Je fais des films en fonction des goûts du public ». Roh l’effronté, quel impétueux ! Une scène WTF et inutile mais pourtant absolument géniale pour justifier le fait de mettre des boobs et des scènes érotiques partout. Une façon rigolote de faire un fuck aux critiques et de dire au public « Vous êtes de gros obsédés mais j’aime ça ».
Que dire d’autres sur Hard to Die… On y découvre le savon et l’agrafeuse les plus bruyants du monde, le premier faisant un bruit d’astiquage de parquet, le deuxième celui d’un tir d’AK47. Autre cliché qui a la vie dure et dans lequel nos charmantes demoiselles s’engouffrent : se réfugier sur le toit. Car comme tout le monde le sait, finir 40 étages plus bas façon Picasso, c’est bien plus intelligent que d’essayer de sortir par la porte d’entrée. Cliché quand tu nous tiens, parce qu’on a toujours ça dans son bureau au travail, nos demoiselles trouvent une mitrailleuse M16 dans le premier tiroir venu. A partir de là va commencer le grand final épique, où on se tire dessus à la mitraillette dans la joie et la bonne humeur avec pour mot d’ordre : mal jouer et en faire des tonnes. Et tan tan tan, c’est la fin du suspense, notre meurtrier n’était pas le bucheron (le pauvre, qu’est-ce qu’il a pris), c’était, oh surprise, la demoiselle à nuisette bleue dans laquelle c’était réfugié le fameux esprit du tueur de la boite. Pim Pam, Tatatatatatatata, retatatatatatatata, et voilà c’est la fin.


Hard to Die est un Jim Wynorski de très bon cru. Très rythmé, alternant meurtres et plans boobs gratuits, le tout avec un soupçon de surnaturel. Un nanar de haut vol.


Critique avec images et trailer ICI

cherycok
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le 26 juil. 2018

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