Magnifique ...

L'Enfant aveugle, premier du nom, c'était génial. Un docu bouleversant et magnifique dans lequel der Keuken montrait sans phare et sans misérabilisme la perception et les appréhensions de certains enfants aveugles. Pour l'Enfant aveugle 2, tourné deux ans plus tard, il change un peu de point de vue puisqu'il y est exclusivement question d'un seul des enfants de l'institut, Herman Slobbe. Revoir le gamin est déjà grisant. Il a grandi, mué, et le film montre bien qu'il s'est politisé, qu'il a désormais de nouveaux standards culturels. Le montage virtuose de der Keuken (où la vérité humaine est palpable à chaque plan) est encore de mise.

Le film n'abandonne pas totalement cette ligne d'intensité qu'est la perception, qui était au coeur du premier opus. Elle se retrouve de manière un peu plus discrète mais elle est bien là, à travers une poignées d'idées de découpage et de mise en scène brillantissimes (un passage en particulier impliquant une course automobile que je ne vous spoilerai pas).

Mais ce qui est le plus beau et qui m'a le plus touché, c'est véritablement de revoir Herman Slobbe et que der Keuken ose l'interroger sur des sujets un peu sensibles en 1966, sa sexualité, ses aspirations. Et le gamin est on ne peut plus attachant, dans ses idées les plus arrêtés et dans sa lucidité absolue sur son handicap.

Le seul reproche que je ferai (par rapport à l'Enfant aveugle 1), c'est que les plans de der Keuken sont quelquefois un peu didactiques ici, on entend le documentariste s'exprimer, donner son avis un peu plus régulièrement.

Mais très franchement, ça ne pèse pas bien lourd dans la balance quand der Keuken est capable de montrer autant d'humanité en 26 minutes et d'être aussi bouleversant ... A noter que l'adieu à Slobbe à la fin, m'a déchiré en mille morceaux ...