En 1996, Charles McDougall proposait à la télévision britannique une retranscription des événements connus sous le nom de "la tragédie de Hillsborough", encore aujourd'hui très ancrée dans les mémoires anglaises. En Avril 1989, lors d'un match de football opposant Liverpool à Nottingham Forest à Sheffield qui ne dura, au final, que quelques minutes, 96 supporteurs trouvèrent la mort suite à un important mouvement de foule. Le téléfilm raconte plusieurs histoires, celle de l'accident comme celle des dérives des appareils policier et judiciaire en charge de l'enquête, et saura susciter un intérêt presque documentaire, y compris auprès des gens pour qui le football ne représente rien.


94 personnes sont mortes ce jour-là, asphyxiées ou écrasées contre d'imposants grillages métalliques censés canaliser les mouvements des supporters violents. La 95ème victime mourra quelques jours plus tard à l'hôpital, et la 96ème en 1993 après de longues années dans le coma, remuant le couteau dans une plaie nationale qui ne pouvait cicatriser durant tout ce temps.


La gestion calamiteuse de la catastrophe contribua grandement à en entretenir le souvenir douloureux et à l'inscrire dans l'Histoire nationale. D'une part, la police en charge de la sécurité du stade chercha à se protéger pendant les événements et dans la suite immédiate, en accusant les supporters d'être venus saouls et sans tickets. L'étendue des mensonges fut considérable et la justice conclura dans un premier temps que ces morts furent purement accidentelles, déclenchant consternations et scandales en série. Vint enfin l'affaire du Sun (propriété de Rupert Murdoch), tabloïd anglais qui afficha quelque temps après en une "The Truth", la prétendue vérité, en ébruitant des rumeurs bien crasses (et fausses) selon lesquelles des supporters auraient uriné sur des policiers, auraient dépouillés des cadavres, et se seraient même adonnés à des actes nécrophiles. La une en question : image.


Ce n'est qu'en 2009 qu'une commission indépendante fut nommée par Gordon Brown, et le rapport final remis en 2012 (23 ans plus tard) à David Cameron fut sans appel : il établit que les policiers chargés de l'enquête avaient volontairement essayé de faire porter la responsabilité de la catastrophe aux supporters de l’équipe de Liverpool en censurant des témoignages et en donnant de fausses informations à la presse. Hillsborough, ou un exemple éclatant de responsabilités dissimulées et de collusion entre différents organes du pouvoir.


[Avis brut #86]

Morrinson
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le 4 mai 2016

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