le 22 oct. 2023
Retour de flamme
Après sa trilogie sur le monde du travail, Stéphane Brizé avait sans doute besoin de "souffler" et il n'est pas surprenant de le retrouver dans un registre moins engagé, celui de Mademoiselle Chambon...
SensCritique a changé. On vous dit tout ici.
Avec Hors-saison, Stéphane Brizé prend le contre-pied de sa trilogie sur le monde du travail. Il s’en détache sans le renier, pour signer un film d’une grâce calme, rigoureuse, souvent très touchante. La mise en scène, faite de plans fixes, de légères scissions, d’espaces pensés, installe un rythme singulier, presque flottant.
Brizé étire les scènes. Il laisse le temps s’installer, parfois jusqu’au décalage. Dans la première moitié du film, cela donne lieu à un burlesque discret, porté par un Guillaume Canet qu’on n’avait peut-être jamais vu aussi drôle. Son interprétation d’un comédien à succès en crise, entre ironie et fatigue, touche juste. Il excelle dans cette veine de comédie dépressive, sans appuyer. Certaines scènes, par leur rythme et leur ton, évoquent le cinéma de Tati, sans imitation.
Le film se distingue aussi par la qualité de son écriture, signée Marie Drucker, non seulement pour les dialogues mais pour l’ensemble du scénario. Il y a là une justesse rare, un art de faire parler sans démontrer, de créer de la présence sans surligner. Et cette manière d’étirer les échanges leur donne un poids singulier, une respiration.
Puis le film bifurque. Alba Rohrwacher entre dans le cadre, et tout s’infléchit. Elle est venue retrouver un amour ancien, sans drame, sans emphase. Son sourire solaire, sa beauté fulgurante, suffisent à modifier la tonalité. Le burlesque s’efface. Les regards prennent le relais, les silences aussi. Une histoire d’amour s’installe, presque banale, mais d’une justesse rare. Rien n’est souligné, et pourtant tout est là.
Les paysages bretons, superbes, filmés avec retenue, participent à ce climat de retrait, de douceur suspendue. La musique de Vincent Delerm, mélancolique sans pathos, accompagne parfaitement ce mélange de légèreté et de mélancolie, au diapason de l’univers de Brizé.
On comprend que le film ait pu désorienter. Sa lenteur, son refus du spectaculaire, le rendent parfois insaisissable. Mais si l’on accepte ce rythme, Hors-saison se révèle. Un film discret, fragile, élégant, qui laisse une empreinte douce et durable.
Créée
le 8 août 2025
Critique lue 3 fois
le 22 oct. 2023
Après sa trilogie sur le monde du travail, Stéphane Brizé avait sans doute besoin de "souffler" et il n'est pas surprenant de le retrouver dans un registre moins engagé, celui de Mademoiselle Chambon...
le 25 mars 2024
Après sa trilogie sur des sujets engagés au sein de l'entreprise (et l'excellent dernier volet Un autre Monde), Stéphane Brizé nous propose avec Hors-saison son dixième long-métrage, revenant à la...
le 20 mars 2024
Bonjour tout le monde,Voici une plongée dans la complexité des relations humaines savamment filmées par Stéphane Brizé. Notons que Marie Drucker a écrit ce subtil scénario avec Stéphane Brizé.Le...
le 4 janv. 2019
Étonnant ce parti pris de Pedrosa de renouveler totalement sa colorisation. On est d’abord un peu rebuté par la saturation et puis très vite époustouflé par ce foisonnement graphique jubilatoire. Et...
le 25 mars 2018
Un ami m'a conseillé ce cycle de Léo et j'y suis donc entré sans à priori. Très vite, j'ai été exaspéré par la naïveté du propos à tous les niveaux. L'univers décrit est franchement peu fouillé et...
le 8 août 2025
Après avoir frappé un grand coup avec Barbarian en 2022, ce film qui avait réussi à transformer une simple location Airbnb en cauchemar absolu, au point de nous faire hésiter à jamais avant de...
NOUVELLE APP MOBILE.
NOUVELLE EXPÉRIENCE.
Téléchargez l’app SensCritique, explorez, vibrez et partagez vos avis sur vos œuvres préférées.

À proposNotre application mobile Notre extensionAideNous contacterEmploiL'éditoCGUAmazonSOTA
© 2025 SensCritique