Cette critique peut être vue comme une suite à celle du Sergent Pepper [https://www.senscritique.com/film/Huit_et_demi/critique/25997447 ] : en effet, je n'ai vu le film qu'une fois, et ne voici que l'intuition qui réagit à un premier visionnage. Revoir les films est un devoir de cinéphile aguerri ; je ne respecte donc pas ici complètement ma charge : mais sans cela, je n'aurais pu aller jusqu'au bout de ma potentielle bêtise céans.
Parce que (si) ce film est un chef-d'œuvre, alors il a une importance qu'il ne faut point prendre à la légère.
Si Fellini a complété son film jusqu'au bout, jusqu'à sa possibilité de sortie en salles dans des conditions conventionnelles, si on l'a ainsi laissé faire et que l'ouvrage a depuis, unanimement, été adoubé par les « professionnels de la profession » [https://vimeo.com/77791901 ], c'est qu'une idée supérieure devait le permettre, une idée qui ne m'a pas touché au-delà de : cette mise en abîme de l'acte [(en cours) de réalisation] cinématographique ne sert ni plus ni moins ce propos qu'en le transmettant lui-même comme il est — quoique, à préciser : comme il peut être vécu par le cinéaste en question. C'est-à-dire que ce film est à construire pour le spectateur à qui l'on a donné un tas de briques particulières, lui qui connaît les outils cinématographiques pour être (plus ou moins) habitué à voir des films, le fonctionnement du ciment, de la truelle, etc. ; soit : ce film qui ne fait pas l'effort d'être un film nous est projeté à la figure brutalement, et l'on en ressort ni plus ni moins qu'avec la douloureuse sensation de cette expérience.
Alors je ne peux parler d'une scène en particulier (quoique cette affreuse scène au fouet…). Le visionnage fut éprouvant, malgré l'ouverture sur cette séquence de rêve bergmanien.
C'est donc une recommandation amère que je fais ici, un applaudissement qui répond à son propre écho — celle que l'on ne puisse pas éviter ce film.
À comprendre : j'en suis sorti, essayant à peine de recoller les morceaux (& me dirigeant vers mon neuf et demi), me disant que j'avais bien autre chose à faire, à voir et à subir. Que l'on me comprenne correctement : j'ai eu là l'impression de voir (ou ce dont ferait l'effet) un film-manifeste du post-modernisme : celui qui déclenchera que tous les films puissent ne plus (se donner la peine d')être des films ; mais pire que cette mise en liberté sauvage — dénuée apparemment d'une rigueur de travail, de mise en forme (relent conservateur personnel…) — : j'ai eu l'impression (et le mot de Truffaut [https://fr.wikipedia.org/wiki/Huit_et_demi#Accueil ] viendrait malheureusement l'appuyer) d'un cinéma [exclusivement] pour cinéastes… et cela ne serait plus tant un problème si l'art cinématographique se portait si bien aujourd'hui, mais [tirade pessimiste sur l'état du cinéma actuel ; faible nombre d'auteurs rigoureux & intéressants (Carax, Costa, Tsai Ming-liang, Patrick Wang, …) — et je me tais, j'ellipse : contagieusement : à la manière de Fellini !]…
Dire aussi qu'il semble s'agir d'un thème que le cinéaste répétera : son Roma, Intervista (et cætera ?) ; la belle confusion comme échappatoire — nonobstant qu'il n'y ait que lui qui s'échappe et, dans cette fuite, l'on est condamné à le suivre, comme le Snaporaz d'un autre film [https://www.senscritique.com/film/La_Cite_des_femmes/405545 ]…
En attendant le revisionnage.