Difficile de résister à l'appel du cinéma quand un film arbore "Steve Mc Queen", "Caméra d'or au Festival de Cannes" et des critiques de presse au moins aussi folles que pour The Dark Knight, même si ça n'a aucun rapport, vous avez raison. Il fallait donc à tout prix voir Hunger, le-film-dont-tout-le-monde-parle-mais-que-personne-n'a-vu.
Les conflits armés en Irlande ne sont pas simples à saisir pour qui n'est pas spécialement nourri de connaissances historiques. Il est pourtant nécessaire d'en connaître un minimum, afin de mesurer toute la portée du film. En 1155, l'Irlande est cédée à la couronne d'Angleterre. En 1609, des colons protestants anglais, appelés "les planteurs" investissent les terres irlandaises, où plutôt, se les approprient. C'est le début des conflits entre les irlandais catholiques et les planteurs protestants, placés par la couronne. En 1921, l'Angleterre propose de couper l'Irlande en deux (Nord/Sud), et en 1933, l'Irlande du Sud devenue l'Etat Libre d'Irlande abolit le traité d'allégance le rattachant à l'Angleterre, et quitte le Commonwealth en 1949. L'Irlande du Nord (Ulster) restant sous tutelle britannique.
Dans les années 60, en Irlande du Nord, les catholiques sont victimes de ségrégation et de violences de la part de la police, composée essentiellement de protestants. Débute alors le conflit que l'on connaît, où suite au Bloody Sunday des policiers et militaires anglais, l'IRA répond par une salve d'attentats, Bloody Friday.
Robert Gerald ("Bobby") Sands est un jeune nord-irlandais dont l'enfance est marquée par les troubles affrontants catholiques et protestants. Il rejoint les forces de l'IRA en 1972, et fait un premier passage en prison. En 1977, il est condamné à 4 années de détention pour port d'arme, à défaut de charge permettant de l'inculper pour terrorisme. Dans la prison de Maze où il est incarcéré, Bobby Sands découvre la grève de l'hygiène et des couvertures que font les prisonniers, afin de protester contre le refus de Margaret Thatcher (la "Dame de Fer") de leur accorder le statut de prisonniers politiques, cher à leur cause.
Après l'échec de ce comportement extrême, que Mc Queen retranscrit avec brio à la caméra, le mouvement s'intensifie et décide de mettre en place un roulement de grèves de la faim, afin de lui donner un maximum de poids médiatique. Dés qu'un prisonnier meurt de la grève de la faim, un autre débute la sienne, jusqu'à capitulation de la Dame de Fer. C'est après 65 jours de grève de la faim que Bobby Sands mourru à l'hopital de la prison. Dans son rôle, l'acteur Michael Fassbender, que l'on avait déjà vu dans 300 ou Eden Lake. Une interprétation difficile, un conditionnement physique à la limite du tolérable, des images douloureuses, et jamais un mot de trop : c'est ça, la force de ce film.