le 20 avr. 2014
Je n'ai pas de putain de titre
Un western-testament, au goût âcre, comme un nuage de poussière qui t'assèche la gorge. Il y a du John Ford dans ce film. Peut-être son plus Fordien. Et puis du Leone. Peut-être son plus Léonien. Ce...
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Le western, un genre qui allait ancrer dans l’imaginaire collectif la construction d’une jeune nation en mal d’Histoire, élever certaines figures au rang de mythe et les faire passer dans la légende.
Notamment celle du tueur légendaire de l'ouest, ce cow-boy as de la gâchette et redresseur de torts à coup de pétoire, un archétype pour lequel le vieux Clint fut une référence incontournable et qui dans son film va se faire un malin plaisir de démonter tous les clichés du genre pour revenir à plus de sincérité et de vérité sur cette époque, un stratagème de vieux renard pour mieux venir sublimer et entretenir cette "figure héroïque" au final mais non sans venir aussi bousculer notre propre vision et fascination pour ces « héros ».
Car l’Amérique est fasciné par ses tueurs. Maudits quand ils défouraillent à tout va dans une université ou portés au rang de légende quand ils affichent un compteur record d’irakiens au tableau, la transcendance semble passer par là pour qui veut être une figure légendaire qui rentrera au panthéon de leur histoire et être qualifié de « tueur-né » peut même sonner comme une suprême consécration au-delà de toute considération morale…
Du "duck of death" snob et pédant au shérif brutal mais attachant et couillu qui préfère le contact physique, comme à un mauvais rendez-vous de chasse, chacun y va de sa propre histoire (souvent bien mitonnée) et de ses conseils pour bâtir sa légende de tueur devant l’écrivain, sorte de geek fan-boy de l’époque.
Et ici le Kid incarne typiquement ce jeune qui aimerait être une telle figure, acquérir ce statut avant de découvrir que tuer n’est ni facile, ni très propre, ni très glorieux et non sans conséquence sur l’esprit humain.
Car Clint balaye de son film tous ces duels légendaires et chevaleresque, pure création du western et ancre son cinéma dans la réalité : assassiner dans les chiottes, prendre un fusil et tirer dans le bide de près, ou encore prendre la précaution de tirer de loin et bien caché un mec qui touché par une balle va gémir et se vider de son sang un moment avant de claquer…
L’arme à feu est considérée avec peur et s’en servir pour tirer sur quelqu’un n’a rien d’un exercice du dimanche comme le montre bien la scène dans le bureau du shérif.
Servit par des personnages tout en finesse auquel on s’attache malgré leur méfaits, Unforgiven rejette toute forme de manichéisme et chaque mort en devient perturbante.
S’il se met du côté du hors-la-loi repenti, de l’afro, des prostitués traitées comme du bétail, bref tout ce que « la cité régit par les lois » garde en lisère, Clint incarne une figure de salaud lâche dont les faits d’armes n’ont rien de très reluisant moralement, un repenti sauvé par l’amour de sa femme qui devant l’injustice des « laissés-pour-compte » va pourtant retrouver sa vraie nature de tueur-né et replonger dans la violence et la bibine.
Faisant fi de tous conseils sur la manière de tuer sauf peut-être celui d’être bien alcoolisé et d’avoir de la chance, nous assistons au retour du "héros légendaire" pour un dernier baroud d’honneur vengeur, hissant sa figure mythique sous l’orage avec le drapeau américain en fond, Clint nous offre un final aussi jouissif que dérangeant et nous interroge sur la nature profonde de l’Amérique, sa fascination pour la vengeance, la violence et les tueurs.
Western crépusculaire dans un genre tombé en désuétude, il est avec Danse avec les Loups l’un de mes préférés.
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Créée
le 22 nov. 2018
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