Illusion of time
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L'édition 2002 du Festival de Cannes est restée dans les mémoires pour sa Palme d'or réalisée par un des sujets poil à gratter des réseaux sociaux et un des films les plus polémiques de ces vingt dernières années. Le second long-métrage de Gaspar Noé a fait son effet, provoquant un tollé lors de sa projection, au point d'accumuler les départs de salles et des malaises. Les réactions ne se sont pas faites attendre, certains dézinguant les partis-pris de mise en scène de Noé, la plupart évoquant la violence du film et notamment sa fameuse scène de viol d'un peu plus de dix minutes.
Bien qu'interdit (à raison) aux moins de 16 ans, Irréversible a tout de même attiré 598 812 entrées, un score que son réalisateur n'a jamais retrouvé par la suite. Le film a toujours gardé son aura scandaleuse au fil du temps, se présentant comme une oeuvre dure à ne pas mettre entre toutes les mains. Il bénéficie également d'un grand culte, s'imposant comme un des films français marquants des 2000's. Ce qui a certainement dû aider au financement d'Enter the void, film suivant de Noé (2009).
Irréversible a désormais deux versions : la première avec la fin de l'histoire en premier, amenant ensuite à des scènes antérieures et la seconde sortant en ce moment plus classique et avec de légères coupes. N'ayant pas vu la nouvelle version, évoquons le coup de massue de 2002.
Plus qu'un film bêtement violent (ce qui lui a souvent été reproché depuis 18 ans), Irréversible s'impose comme un film triste où l'on assiste à la déchéance de trois personnages qui s'aiment et dont la vie s'arrête en un peu plus d'un quart d'heure. Le bonheur entrevu en fin de film est illusoire, détruit par un chaos d'ouverture qui laisse hagard.
Vincent Cassel et Albert Dupontel deviennent des bêtes, l'un plus rapidement que l'autre dans un fracas d'injures et de violence à vous en ravaler la façade. La scène dans le Rectum est une véritable descente aux enfers avec sa débauche, son rouge omniprésent et sa vengeance qui ne mène à rien avec un goût d'échec en bouche. Les coups d'extincteur marquent durablement, faisant plonger le personnage le plus censé du duo dans un état de sauvagerie incroyable. Les effets-spéciaux sont encore exceptionnels, mélange réussi de prises de vue avec acteurs, avec mannequins et de cgi.
Et puis il y a le fameux viol. Une scène éprouvante et émouvante, le spectateur souffrant aux côtés de Monica Bellucci. Il n'y a aucun échappatoire, Noé faisant subir un calvaire aussi bien à son personnage qu'au spectateur dans un choc émotionnel terrible. Le spectateur n'oubliera jamais ces deux passages par la suite, rendant les scènes suivantes souvent plus apaisées d'autant plus tragiques. Le spectateur a vu la chute et va maintenant voir un bonheur de courte durée et sans avenir.
L'investissement des trois acteurs principaux est indéniable et Jo Prestia signe également une prestation monstrueuse. La mise en scène aérienne de Noé peut parfois lui porter préjudice dans certains mouvements, d'autant que le film se présente comme un ensemble de plans-séquences. Ce qui donne parfois des plans un peu flous, renforcés par les mouvements de caméra et la lumière. Sans compter que cela peut faire tourner la tête, à l'image du tout dernier plan (les malaises n'étaient peut-être pas liés qu'à la violence du film).
Irréversible est une expérience radicale qui reste longtemps en tête. Elle déroute, mais cela n'en fait pas un mauvais film, ni un film honteux. Comme disait l'autre : va et regarde.
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Créée
le 1 sept. 2020
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