Pépite tout droit débarquée du Brésil début 2025, Je suis toujours là vous a peut être échappé étant donné le peu de visibilité qu’il a eu dans l’océan cinématographique mondial. Je vais pas vous mentir que je n’en aurai probablement pas entendu parler non plus si il n’avait pas eu droit à sa petite apparition aux Golden Globes et aux Oscars… « Fernanda Torres, meilleur actrice pour Je suis toujours là », ça m’intrigue…

Honnêtement, il se passe quelque chose avec ce film. Il y a une alchimie remarquable sur la quasi totalité qui l’oeuvre qui la rend importante, impactante, qui fait honneur à la mémoire de Rubens Paiva et surtout à la force d’une famille brisée vivant dans l’espoir de revoir leur père, à une femme habitée par la volonté de justice. Tu ressors de la salle, tu as l’impression d’avoir fait partie d’une famille vivant il y a 50 ans, prenant part au même combat, partageant les mêmes peines, subissant la même injustice… Dans ce sens, Walter Salles réussit son pari.

Le film connaît un séquençage intelligent. La première demie-heure te pose le décors et t’introduis la famille Paiva ainsi que le contexte. Le soleil, la plage de Rio, les parties de beach-volley, la douceur de vie, la lumière qui émane de tous les plans, les retrouvailles entre amie… On est vraiment au sein de la bulle des Paiva. Mais comme on se le doute, cet équilibre est précaire, on s’en aperçoit non pas par des lignes de dialogues venant tout gâcher mais plutôt à travers la mise en scène : un plan avec des chars militaires, regard fuyant d’Eunice trahissant son inquiétude, les informations de la télévision en fond… A l’instar des Paiva, on ressent cette insouciance de la vie, cette joie d’être ensemble communicative, tout en plantant subtilement les graines d’un mal déjà bien enraciné…

Ensuite, le film appartient à Fernanda Torres. Le film s’articule autour de sa quête de vérité, son incompréhension autour de l’enlèvement de son mari, comment continuer à être une mère et avoir une vie de famille quand tout s’effondre ? Fernanda Torres sort une adaptation flamboyante, remplie de sobriété, de faiblesse et de dignité. Je pense qu’Eunice Paiva doit être fière, de là où elle est, de tout le respect qui a été mis sur le nom de sa famille. Les acteurs jouant les enfants d’une manière remarquable créent parfaitement cette ambiance de félicité, d’harmonie, comme si la vie était facile et que rien ne peut perturber cet équilibre.

J’ai adoré l’insertion de plans filmés à travers le vieux caméscope de Vera, il fige en quelque sorte le temps, rendant compte de la douceur de vie brésilienne… A travers le grain de la caméra, on ressent une certaine nostalgie, en témoigne la scène assez déchirante des adieux à la maison de Rio et le départ, tous entassés dans la petite voiture rouge. Elle traduit le mieux l’esprit du film à mon sens, une mère se forçant de rester digne et forte devant ses enfants qui eux sont véhiculent de la tristesse, de la nostalgie et une certaine incompréhension… Dire des choses sans parler, c’est ça du Cinema.

Si je devais émettre un seul avis négatif je dirai que je n’ai pas été fan des deux saut temporels dans le futur, ils n’étaient pas forcément nécessaire, ils rallongent l’histoire sans grande nécessité, ils font redescendre le soufflet émotionnel atteint quelques secondes auparavant. Personnellement, non pas que ce ne soit pas intéressant, mais ça m’a sorti du film. Clairement 25 minutes de trop…

Enfin bref, Je suis toujours là reste le parfait hommage que le Cinema puisse faire à la famille Paiva et au combat pour comprendre ce qui est arrivé à Rubens Paiva. Le film nous enveloppe d’un voile de liberté dans le cadre magique qu’est Rio mais sait rester réaliste en nous ramenant brutalement à la réalité… Le temps d’un film, j’ai embrassé la cause d’Eunice Paiva, brillamment interprété par Fernanda Torres (coucou les Oscars)…

TheBiks
8
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le 18 févr. 2025

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