Kagemusha - L'Ombre du guerrier par Kroakkroqgar

Malgré le talent d’Akira Kurosawa, ‘Kagemusha’ n’est pas exempt de défauts et échoue à s’imposer comme un chef d’œuvre.

Pourtant, le fil directeur de ‘Kagemusha’ est brillant : voir le sosie d’un seigneur japonais tenter de duper son entourage, se prendre au jeu du pouvoir avant de tomber en disgrâce avait quelque chose de retors et de terriblement passionnant.

Malheureusement, la narration du réalisateur ne convainc pas. En premier lieu, on ne retrouve pas vraiment la clarté du récit à laquelle nous avait habitué Akira Kurosawa. Non seulement la ressemblance de Nobukado Takeda avec son frère (et le double par la suite) est un peu déstabilisante en début en première partie, mais le film se perd en faisant intervenir de nombreux personnages secondaires qui alourdissent l’intrigue. Le propos du réalisateur en devient un peu sibyllin et on ne comprend pas bien où il veut en venir.

Par ailleurs, le rythme du récit est très décevant, le film s’étalant sur trois heures sans jamais vraiment faire monter la tension de la situation. En outre, les scènes de batailles tiennent à peine la comparaison avec les échauffourées de ‘Seven Samourais’, autant en terme d’excitation que de clarté, alors que les moyens mis en œuvre sont largement supérieurs.

Toutefois, Akira Kurosawa prouve encore une fois avec ‘Kagemusha’ son don pour la mise en scène. Entre le plan séquence en ouverture, la reconstitution historique impeccable, les plans militaires ou encore le passage onirique cauchemardesque, le réalisateur nous gratifie d’une imagerie superbe. On retiendra également la scène expliquant le tir à l’aveugle méthodique en début de film, à l’ironie froide.

Au niveau des acteurs, on retiendra évidemment la performance de Tatsuya Nakadai, qui multiplie les rôles avec assurance et livre chaque fois des portraits très réussis des personnages qu’il incarne.

Trop obscur pour être un chef d’œuvre.