Quasiment un quart de siècle après sa sortie, que reste t-il de Kill Bill ? L'effet de surprise n'est plus là, l'histoire et sa conclusion sont connues d'à peu près tous les cinéphiles. Et on n'est plus en 2003, quand on se demandait si Quentin Tarantino réussirait à donner une cohérence à sa filmo, ou si son cinéma allait faire pschitt une bonne fois pour toute...
Rétrospectivement, ce volume 1 est sans doute son film le plus emblématique. Celui où son obsession pour la référence et l'hommage est poussée au maximum. Celui où le contenu est vide comme pas possible, et où jamais il n'a autant rien eu à dire. Car rarement film d'auteur - car c'en est un - n'aura été à la fois autant travaillé et autant artificiel.
Pourtant, ce pur exercice formel est incroyablement prenant. La narration cassée, figure de style habituelle de Tarantino, n'est là que pour la beauté du geste. Mais elle apporte ce petit quelque chose en plus qui fait qu'on accroche à l'histoire. Les situations sont délirantes, outrancières et caricaturales comme pas permis, mais ça fonctionne impeccablement.
A l'arrivée, la coquille s'avère totalement vide. Mais l'emballage est si parfait et si rythmé qu'on ne peut qu'être conquis.