Il était une fois, il y a environ 15 ans, sortait « Final fantasy, les créatures de l’esprit », film d’animation à la pointe de la technologie de l’époque et première création originale à destination du cinéma de l’éditeur Squaresoft. Échec total au box office, le projet força l’éditeur à se rapprocher de son concurrent historique Enix pour monter l’entité Square Enix tel qu’on la connait maintenant. Dorénavant frileux de draguer le grand public, Square Enix se concentra seulement sur sa branche cible (le gamer) avec « Advent Children » un film d’animation fan service/suite de Final Fantasy VII, le jeu le plus populaire de la franchise. Il fut encore une fois d’une très grande maîtrise dans l’animation et un véritable bonheur pour les fans, mais quasiment impossible à regarder/incompréhensible pour le commun des mortels n’ayant pas touché au jeu original.
Voici alors que cette année sort Kingsglaive – Final Fantasy XV, qui s’inscrit de base dans une stratégie transmedia (= utilisation de plusieurs médias pour développer un univers) avec une des plus grosses sorties jeux vidéo de l’année : le bien nommé Final Fantasy XV. Alors oui, en se basant sur un projet transmedia, Kingsglaive fait probablement le job, si seulement il n’était pas sorti AVANT l’oeuvre qu’il est censé développer. La faute à une construction plutôt anarchique du long métrage. Le film se veut être un prequel au futur jeu, mais il faudra alors apprendre à Square Enix que si c’est censé être notre premier contact avec l’univers, il faut un minimum le développer avant de s’engouffrer dans le feu de l’action.
Il y a bien une petite introduction racontée par la princesse du film, mais c’est beaucoup trop léger vu ce qui nous attend par la suite. Une très grosse scène d’action qui, bien qu’elle soit hyper impressionnante par sa beauté visuelle, tombe totalement à plat au niveau émotionnel car mettant en scène des personnages non introduits auparavant. Bah du coup, on ne sait pas qui on suit et on s’en branle complet à ce stade du film qu’il lui arrive quelque chose. Ce n’est pas rare dans le blockbuster d’avoir une scène d’action en guise d’introduction (James Bond etc… le font à chaque films), mais on connait déjà le personnage/l’acteur AVANT par son statut de franchise. C’est dommage, mais mis à part quelques points, le développement de l’univers est quasi nul dans Kingsglaive et malgré son statut de prequel, il se savourera probablement mieux après avoir découvert le jeu. Dans l’ensemble, le rythme du film est bancal, et je trouve qu’il possède quelques « ventres mous » où je me suis plus ennuyé qu’autre chose.
Si le rythme et la narration en prennent sévèrement un coup, il y a bien un point qu’on ne peut pas reprocher à Square Enix, c’est la beauté visuelle de Kingsglaive qui est à couper le souffle et prouve qu’ils sont encore les maîtres incontestés dans le domaine. On approche d’un photoréalisme jamais vu tant l’expression des personnages ou le moindre effet visuel est à décrocher la mâchoire. Je me suis extasié devant le moindre reflet sur une vitre de voiture ou de particule qui vole au vent. Complètement fou. Les choix de réalisation offrent également de beaux panoramas, et un dynamisme à tout épreuve dans l’action avec des chorégraphies vraiment impressionnantes. Voilà, Kingsglaive c’est beau à en pleurer. Peut être trop beau cependant, tant on a l’impression que tout est trop propre, trop brillant. Ça manque de crasse sur les armures, de poussière dans les villes. Mais je chipote là non ?
En conclusion, vous aurez probablement remarqué que je ne parle jamais dans l’article de l’histoire en elle-même et des personnages. C’est entièrement voulu pour ne pas influencer ceux qui ne l’ont pas encore vu et puissent se retrouver devant le même flou artistique en débutant le film. Je note cependant que le doublage est soigné et 2-3 personnages s’élèvent du lot (dont le héro qui a plutôt une bonne trogne). J’aurais aimé que le film se suffise en lui-même, ou au moins introduise vraiment bien l’univers du jeu, ce n’est pas le cas mais c’est largement sauvé par son visuel à tout épreuve.
Coffee Quest