Le cinéma américain des années 70’s a ma préférence. Il ne cesse de me surprendre, de me satisfaire et de me donner envie d’en explorer la plupart de ses œuvres, comme de revoir celles qui m’ont fait l’apprécier. Kulte fait partie de ses œuvres.

A la recherche de monsieur Gruneman

Tom Gruneman (Robert Milli) disparaît. L'enquête piétine. Un de ses amis, John Klute (Donald Sutherland), est chargé par l’homme d’affaires John Cable (Charles Cioffi), de se rendre à New-York pour élucider cette affaire. Bree Daniels (Jane Fonda), une call-girl, est sa seule piste. Une relation ambiguë va se nouer entre ses deux personnages aux mœurs et horizons différents.

To Live and Die in NY

John Klute est originaire de Pennsylvanie. Il découvre la ville de New York, à travers Bree Daniels. Une ville de débauches, au sein de laquelle, des âmes en peine espèrent trouver la lumière, avant de finir par sombrer de ses vices. Une métropole avec sa population en ébullition, où se jouent de nombreux drames, entre ses murs décrépis.

Bree Daniels est une call-girl. Elle rêve de devenir actrice. Elle passe d’un casting à un autre, qui ne sont qu’une suite d’humiliations. Pour subsister, elle continue de se prostituer. Lors de ses séances de thérapie, elle tente de se convaincre que c’est la seule manière d’échapper à sa vie et à sa solitude. Elle est en conflit avec elle-même.

Bree est une femme convoitée, consciente de son pouvoir de séduction sur les hommes. Elle en joue et les manipule à sa convenance. Elle pense n’avoir que son corps pour exister auprès de ses hommes. Elle est persuadée que ce ne sont que des pervers, des hypocrites aux vices insoupçonnables. Sous ses airs de femme indépendante, on la découvre sous l'emprise de son ancien amant et mac, Frank Ligourin (Roy Scheider).

La rencontre avec John Klute va bousculer ses convictions et émotions. Ils se tournent autour comme dans une macabre parade nuptiale. Un rapport ambigu s'installe entre eux. Les mots se font rares. Ils se parlent à travers leurs langages corporels. Il la domine de son immense stature, son ombre l’enveloppant de son affection pour la protéger de la violence des hommes. Elle se montre, aussi bien dominante que soumise, tiraillée par ses émotions contradictoires. Elle ne veut pas les ressentir. Elle les fuit, par peur de s’engager puis de souffrir.

Sexe, Mensonges et Audio

Comme ses clients, Bree mène une double vie. Elle a pour crédo : le seul moyen d'être heureux, c'est de tout faire et de s'en foutre. Un de ses clients va le prendre au sens littéral. Il écoute un enregistrement audio de la jeune femme en boucle, derrière son bureau du haut de sa tour phallique qui domine la ville de New York. La plupart de ses clients ne vont pas au bout de leurs fantasmes. Il est l’exception. Elle est devenue une obsession, un fantasme mais surtout le témoin de ses déviances. Il méprise les femmes comme Harvey Weinstein, Dominique Strauss-Kahn et autres êtres abjects.

C’est surtout une question de contrôle, que ce soit pour Bree, son ancien mac ou cet homme d’affaires. Elle contrôle ses émotions. Ils veulent la contrôler, comme ils le font auprès des autres call-girls.

Elle tente d’échapper à sa condition sociale, à s’extirper de leurs emprises. Avec John Klute, elle parcourt les ruelles sordides de New York, ainsi que ses bâtiments délabrés, à la poursuite de Tom Gruneman. Elle découvre l’envers du décor, ce que l’avenir lui réserve, soit une junkie, soit un cadavre.

Jane, Donald, Roy et Alan dans les 70’s

Jane Fonda est récompensée d’un oscar pour sa performance. En 1979, elle obtient un nouvel oscar pour Le Retour de Hal Ashby. Donald Sutherland démontre sa capacité à endosser un rôle dramatique, ce qui va contribuer à mettre son talent en lumière puis briller dans Ne vous retournez pas, Le Jour du Fléau (dans le rôle de Homer Simpson), Le Casanova de Fellini ou le remake de L’Invasion des Profanateurs. Le film va révéler Roy Scheider qui enchaîne avec French Connection puis les Dents de la Mer, Marathon Man et Que le Spectacle Commence. Quant à son réalisateur Alan J. Kapula, il va réaliser A Cause d’un Assassinat puis son classique Les hommes du Président.

Le film ouvre l’âge d’or du cinéma américain avec des œuvres devenues des classiques comme Le Parrain et Le Parrain, 2e partie, Rollerball, Delivrance, Voyage au bout de l’Enfer, Apocalypse Now, Serpico, Taxi Driver, L’Exorciste, Vol au-dessus d’un nid de coucou, Un après-midi de chien, Chinatown, Soleil Vert, entre autres.

Un film Kulte

Klute est un pur film noir. Sous couvert d’une enquête classique, où le coupable est vite identifié, c’est le portrait d’une Amérique paranoïaque et pervertie, avec ses personnages borderline. Une œuvre typique de cette époque d’une incandescente noirceur.

easy2fly
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le 27 mars 2023

Critique lue 46 fois

Laurent Doe

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