Ce nouveau film de Quentin Dupieux est évidemment un film à gimmick, marque de fabrique de son réalisateur, mais dont les travers sont beaucoup moins prononcés que les sorties précédentes - à l'instar de Dali, Fumer fait tousser ou Incroyable mais vrai. Dupieux semble revenir aux racines du succès de Yannick : une histoire simple - mais pas simpliste - sans trop pousser l'absurdité, permettant ainsi d'exprimer l'émotion des personnages plutôt que leur incompréhension.
Le format d'image, ce simili 4/3, n'est pas sans rappeler son dernier film Le Deuxième Acte - les ressemblances s'arrêtant heureusement ici.
On retrouvera dans ce film Adèle Exarchopoulos interprétant un personnage lunatique, star morbide d'internet ayant fait succès avec des vidéos courtes et violentes, parlant avec mépris à son assistant Jérôme Commandeur, opportuniste docile un peu lâche sur les bords. Et que cela fait du bien de voir Adèle Exarchopoulos jouer et interpréter un personnage autre que son habituelle adulescente rebelle à accent de cité.
Les films de Dupieux n'ont généralement pas de deuxième lecture ou ne dénoncent aucun sujet en particulier, ils se contentent de faire vivre des aventures absurdes à des personnages enfermés dans un scénario alambiqué. Mais ce film fera exception : on peut percevoir derrière les flashbacks de Magaloche (paye ton pseudo de comptoir) un questionnement sur la célébrité et la richesse précoce, l'aliénation de la création, la déshumanisation par le public et, surtout, un regarde sur les Youtubers star ayant commencés dans leur chambre avec une caméra et de l'acné, vivant désormais dans des villas avec une quasi détestation de leur métier, d'eux même et de leurs fans.
Ce film n'est pas un chef d'œuvre mais il promet de beaux jours à Quentin Dupieux qui, en étirant davantage son format et en étant davantage axé sur les émotions que sur la déconstruction de son film, pourrait réaliser de belles pépites dans les années à venir.