« Allume ta prunelle à la flamme des lustres - Allume le défi dans le regard des rustres. »
Peut-être suis-je passé complètement à côté de quelque chose. L'Apollonide bénéficie d'un esthétisme tellement fort et de costumes tellement beaux que le reste du film m'est passé sous le nez. Bercé par la lueur des couleurs sombres et éclatantes à la fois, je n'ai ni vu le temps passer, ni ressenti quoique ce soit pour ces femmes aux destins tourmentés.
Reconnaître la beauté d'un film et l'émotion qui émane de quelques plans sublimes, souvent sans paroles, est un grand pas en avant. En revanche, se rendre compte avec déception et désintérêt que les dialogues ne sont pas à la hauteur de tout ce potentiel, c'est trois pas en arrière. J'ai trouvé le jeu des actrices très inégal, et certaines scènes comme celle du docteur (tout droit venu d'un film érotique à moyen budget) sont particulièrement ratées. Bien trop contemplatif, j'ai même trouvé ce film assez prétentieux dans sa manière de mettre en scène les fantasmes des hommes ou certaines scènes qui devraient en mettre plein les yeux par exemple.
Je regrette aussi de ne pas avoir adhéré à cette désillusion passive qui n'a rien réveillé chez moi. Les déboires des jeunes femmes paraissent bien futiles quand ils sont enrobés d'une fausse insouciance parfois très agaçante. Elles ont toutes une personnalité différente mais le charisme très impressionnant que certaines d'entre elles dégagent à l'écran retombe comme un soufflé pendant les dialogues. Il y a cette tristesse latente, ces moments douloureux, la violence physique qu'elles subissent comme la pauvre Madeleine pour qui on se prend d'affection. Il y a des moments très touchants. Pour finir, et je le reconnais, je n'avais sûrement pas les bases nécessaires pour comprendre l'intégralité des références - et nul doute qu'avec quelques scènes somptueuses, je suis passé à côté de beaucoup de choses.
Tout n'est pas à jeter et c'est un film qui marque, on ne peut que le concéder.