Et bien ça faisait longtemps que je ne m'étais pas retrouvé devant un téléfilm au cinéma. La dernière fois c'était 88 minutes de Avnet (trouve l'anagramme de ce nom pour définir son cinéma) avec Al Pacino, qui par gentillesse, imitait le spectateur en jouant la totalité du film les yeux mi-clos. Un beau clin d'oeil pour montrer que les gens qui avaient payés pour ce film commençaient à s'endormir.

L'attaque du métro 123 (123 pour faire plus court) c'est un peu le même principe mais ça fait un peu plus chier étant donné que c'est Tony Scott qui est derrière la caméra. 123 prend place à New-York où une bande de malfaiteurs, emmenée par un John Travolta qui cabotine comme à son habitude, prend un métro en otage et qui se mesure à un Denzel Washington peu sûr de lui, pour négocier le paiement.

Le générique ne dévie pas du cahier de route de Tony et ses expérimentations graphiques. On a droit à un jeu d'images et de musique maitrisé qui fait le grand écart entre les deux personnages. On reconnait très facilement sa patte même si on a affaire à un simple thriller presque en huis-clos. Malheureusement, comme le spectateur, Tony s'endort et nous propulse dans le monde fascinant du pilotage automatique. Minimum syndical et pas trop de prises de risques, ce qui reste dommage dans un genre jalonné de règles et de limites.

On suit donc, sans ennuis, mais aussi sans plaisir, une course contre la montre entre deux personnages qui s'avèrent antagonistes sur leurs méfaits qui se ressemblent étrangement. Qu'est-ce qui reste et qui peut éveiller un minimum la curiosité du spectateur ?

Tony Scott brode autour de son scénario, comme il l'avait fait avec Déjà-vu, une violente diatribe contre un événement précis. L'ouragan Katrina avec son film sci-fi et la crise économique avec ce thriller à l'apparence morne. Au-delà du simple film policier, le réalisateur nous montre par les faits et gestes des personnages, principaux ou secondaires, les limites dépassées de notre système et plus particulièrement de l'effrondement des banques et des profits qui ont pu en être retirés. Entre le dialogue sur la valeur des otages, les crimes commis par Denzel et Travolta ou encore le rebondissement sur le pourquoi de l'attaque, Scott nous montre un monde individualiste à l'extrême, où les profits ont gain de cause sur l'humain et que la meilleure façon de s'en sortir est peut-être encore de commencer à se dire que le capitalisme n'est qu'un système comme un autre et que les seuls responsables sont les Hommes. Qu'ils fassent subir ou qu'ils subissent.
Kariboubou
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le 4 oct. 2010

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