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S’il y a bien une actrice française que l’on ne voit pas suffisamment alors que la carrière de son ex-mari a littéralement explosé, c’est Alexandra Lamy. Pourtant, on ne peut pas dire que sa carrière est au point mort, bien au contraire, c’est une actrice raisonnablement prolifique pour imposer sa présence. En revanche, ce sont ses choix de projets qui ne l'emportent pas forcément dans la fresque cinématographique française. Entre Jamais le premier soir (dont on note ici de nombreux points communs) et Bis, qui sont des comédies plus que très moyennes n'ayant pas aidé l’actrice à se forger une réputation, et De toutes nos forces, qui changeait de son carcan habituel certes, mais arrivait après une longue suite de films déprimant la mettant d’office sur la touche, on peut dire que la fille d’Un gars, une fille n’a pas su user des mêmes pirouettes que son ancien compagnon pour faire décoller sa carrière. Elle est pourtant talentueuse, la scène de la dispute avec Jean Dujardin dans le film à sketch Les Infidèles est d’une maîtrise inattendue démontrant un grand talent d’adaptation chez l’actrice. De plus, elle s’est à plusieurs reprises tournée vers le théâtre, pour des pièces qui ont eu un certain succès. Et la voilà qu’on la retrouve de nouveau avec Eric Lavaine, un an après Retour chez ma mère pour L’Embarras du choix.


Elle y incarne Juliette, une quarantenaire incapable de faire des choix dans la vie. Alors que l’on pense que c’est parfaitement impossible qu’une personne ne puisse faire des choix comme elle, il s’avère en réalité que c’est un syndrome psychologique très important et beaucoup plus répandu qu’on ne le pense. Jusqu’au jour où, par un concours de circonstance, elle se retrouve à devoir choisir un homme parmi deux. Forcément le choix est pour elle draconien, mais lorsqu’elle se décide, un second concours de circonstance lui provoque la réaction parfaitement inverse et se retrouve dans un triangle amoureux parfaitement inextricable.


On peut y découvrir les humoristes Jérôme Commandeur, grand habitué du réalisateur dont le naturel réussi à investir le personnage, ainsi que Arnaud Ducret, dont l’aura donne inévitablement le ton à cette comédie. On y suit également l’acteur à la prestance la plus imposante du monde audiovisuel français, Lionnel « Léodagan » Astier, qui est presque plus présent à la télévision que Kad Merad au cinéma durant sa grande époque. Mais c’est avec cette dernière partie que le casting va nous intéresser dont la présence d’Anne Marivin et Sabrina Ouazani et nous surprendre avec la présence de Jamie Bamber. Bien que présente depuis un certain temps dans la sphère cinématographique française, Anne Marivin est restée toujours une actrice relativement discrète malgré son charme indéniable et son talent. Quant à Sabrina Ouazani, personnalité légèrement plus récente, elle prouve sa très grande capacité à investir ses rôles et prouve que son succès n’est pas démérité. La pointe la plus intéressante se trouve irrévocablement dans l’apollon britannique qu’est Jamie Bamber. Si vous ne le connaissez pas, nul doute que son charme se chargera de le populariser auprès de la gente féminine. Pour les plus grands amateurs de séries, la majorité de la presse vous rappellera qu’il a joué dans Body of Proof ou Monday Morning, mais c'est surtout bel et bien l’acteur principal de l’excellentissime série Battlestar Galactica (2004). Une performance sérielle qui aurait dû le projeter beaucoup plus loin, mais l’acteur s’est fait plutôt discret jusqu’à maintenant, restant relativement éloigné des feux des projecteurs.


La raison pour laquelle il est important de s’attarder aussi longtemps sur le casting, c’est qu’en réalité c’est le meilleur élément de cette production. En effet l’humour n’est pas spécialement plus dévastateur que n’importe quelle autre comédie romantique moyenne. Certaines scènes, certaines situations, certains dialogues fonctionnent plus que d’autres, mais rien qui puisse objectivement rendre ce récit plus inoubliable qu’un autre. L’histoire en elle-même est extrêmement banale, il n’y a strictement rien d’original, les événements et leurs conséquences sont les éléments d’intrigues les plus connus et répandus du genre. Par ailleurs les différents retournements de situation sont plus qu’attendus et très convenus. La preuve comme dit légèrement plus tôt, de nombreux points communs se retrouvent avec la comédie de Mélissa Drigeard. Les enjeux sentimentaux et relationnels, les discours sur le fait d’être en couple et ceux sur l’importance de l’acte sexuel ou encore dans la nature même de certains personnages, notamment chez les 3 copines, trio de filles présent dans les deux comédies. En revanche une chose bien moins maîtrisée dans la grande majorité des autres productions (encore que ça tend à nettement s’améliorer ces dernières années avec de jeunes réalisateurs et réalisatrices), c’est l’équité d’apparition et d’importance des différents personnages. Juliette est évidemment le personnage principal, ce qui lui octroie un temps d’apparition forcément nettement plus long, mais tous les autres personnages, ne sont pas secondaires pour autant. Non seulement leur impact est très bien intégré à l’histoire, ils offrent tous une piste de réflexion intéressante et nouvelle au sujet de base, mais sont également à peu près tous aussi présents les uns que les autres. Cela donne une véritable impression de suivre une multitude de personnage et une histoire vraiment complète et non un film sur une histoire d’amour d’une seule personne qui finirait très rapidement par tourner en rond.


Si l’histoire est effectivement très simple et sans grand suspense, elle n’en est pas moins intelligemment écrite. Tout d’abord, les différents caractères des différents personnages se renvoient les uns vers les autres pour donner une cohésion logique et structurée au thème abordé, notamment au travers des psychologies diamétralement opposés des deux prétendants. En mettant en scène un personnage parfaitement incapable de prendre des choix décisionnels importants, Eric Lavaine touche un point essentiel et quasi inexploité de la psychologie humaine. On regrettera fatalement de voir une telle thématique abordée sous l’angle de l’humour quand il est certainement possible d’en faire un puissant thriller psychologique, mais le domaine d’activité du réalisateur étant la comédie, on s’en contentera. On peut cependant avouer, que même si tout cela paraît relativement immature et grossier, la question pèsera dans notre esprit quelques temps encore après le visionnage. Rares sont les œuvres humoristique parvenant à créer un questionnement important chez le spectateur plusieurs jours après, le temps que le film émerge dans son esprit.


Ainsi, c’est le temps qui décidera si ce long-métrage sort du lot ou non. Il possède ses défauts et ses qualités mais ce qui fait sa force, c’est la cohésion et la diversité de son casting. Le thème de base est également inattendu, mais étant traité avec humour, cela le rend beaucoup moins impactant malgré tout. En finalité ce n’est pas devant L'Embarras du choix que vous vous ennuierez, d’autant que tous les acteurs respirent la bonne humeur et la fraîcheur. Mais n’en attendez pas une comédie tordante qui vous fera totalement revoir le genre sous un autre angle tant il est classique dans sa construction.

Notry
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le 28 nov. 2018

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