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L'Étranger à l'intérieur d'une femme par Alligator

Un Naruse surprenant, dans le mauvais sens du terme en ce qui me concerne. Il aborde là (à la fin de sa carrière) un mélodrame où le pathos à son paroxysme vient considérablement alourdir non pas sa mise en scène (heureusement, la majesté et la délicatesse sont toujours de mise) mais son scénario.

Un adultère débouche, au cours d'une baise masochiste, à la mort accidentelle de la femme. Et le type va trimballer son déshonneur et son remords tout le long du film. Peu à peu son sentiment de culpabilité l'envahit de manière destructrice.

Cette descente en enfer proposée par Naruse ne ressemble décidément pas au cinéaste plus prompt à dégager des tourments de l'existence une philosophie (du moins un regard philosophique) de l'acceptation et de la compréhension.
Ici ces notions ne sont pas manquantes. Seul le principal personnage ne parvient pas à prendre du recul devant son crime. Et ne se le pardonne pas. Car il ne le comprend pas.

Que ce soit sa femme ou son ami qu'il a trompés, tout le monde parvient à le pardonner. Lui seul abandonne le combat, trop élevé.

On retrouve Naruse chez tous les personnages sauf le principal. On le retrouve aussi dans sa mise en scène, douce, attentive, symbolique parfois (le tonnerre pour le premier aveu, le tunnel pour le second, le travelling sur le dernier plan, etc.).

Au final il va me falloir, en tant que spectateur, lui pardonner de m'avoir infliger ce personnage fatigant à force de lamentations et d'auto-destruction.
Alligator
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le 21 févr. 2013

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