Le cinéphile d'aujourd'hui ne saura peut être pas sur quel pied danser pour apprécier les qualités de L'Homme qui Voulut Etre Roi.
Car l'oeuvre commence comme l'un des films d'aventure les plus épiques, animé par deux escrocs minuscules avec en tête un rêve fou. Une œuvre portée par les superbes décors marocains figurant l'Afghanistan et la jolie photographie d'Oswald Morris. Un film qui se montre en plus d'une occasion palpitant, que ce soit devant les éléments déchaînés ou sur le champ de bataille et des conquêtes de l'improbable duo.
C'est aussi une histoire d'amitié virile portée par deux acteurs en état de grâce. Michael Caine débordant de charme matois, tandis que Sean Connery décrit l'évolution de son personnage avec force. Leur complicité de canaille magnifique suscite immédiatement la sympathie du public, tout comme leurs facéties, leur art de se montrer plus grands que nature en toutes circonstances et d'exploiter à leur profit le choc des cultures.
John Huston, qui tenait beaucoup à l'adaptation de la nouvelle de Rudyard Kipling, pousse son récit jusqu'au bout de l'épreuve de la chance de ses personnages et de leur capacité à la manipulation de leurs sujets. Jusqu'au drame dans une deuxième partie sous forme d'ultime farce désabusée fondée sur une réflexion sur la vanité du pouvoir.
Les prémisses, elles, lorgnent souvent du côté de la comédie pure, parfois absurde, le temps du passage d'une caravane de religieux en plein milieu d'une bataille qui se fige. Une comédie goguenarde aussi, quand les héros ne cachent jamais leur cupidité, leur amour de la guerre, leurs préjugés racistes et misogynes. John Huston adopte la même approche dans leurs tentatives de « civiliser » les tribus locales avec le pire de ce que apporter l'homme blanc.
Mais tous ces travers sont immédiatement pardonnés, tant l'alchimie des deux personnages principaux, épousant celle des acteurs, se montre miraculeuse, tant leur panache et leur charme éclaboussent l'écran.
Un tel humour aussi mordant, une telle liberté de ton, pour sûr, ne risquent plus de se frayer un chemin vers le grand écran, laissant à penser que L'Homme qui Voulut Etre Roi, aujourd'hui, ne pourrait tout simplement plus être réalisé.
Behind_the_Mask, qui a peur de perdre la tête et qu'on joue au polo avec.
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