Un Petit Coup de pompe

En 1976 Gerad Pirès retrouve Jean Louis Trintignant qu'il avait dirigé dans L'agression deux ans plus tôt, pour une comédie noire et impertinente. Un film entre le thriller et la comédie qui fonctionne toujours aussi bien sans trop accuser le poids du temps malgré quelques longueurs et certaines paresses de mise en scène

L'Ordinateur des Pompes Funèbres c'est l'histoire de Fred un petit informaticien qui travaille dans une agence d'assurances et qui subit au quotidien les sermons d'une femme autoritaire et castratrice. Fred décide de se débarrasser définitivement de sa femme en forçant le destin à l'aide des statistiques des morts par accidents domestiques. A l'aide de ses données précieuses il entreprend plus largement de reprendre sa vie en main en éliminant celles et ceux qui polluent son existence.

L'Ordinateur des Pompes Funèbres est une comédie délicieusement noire, cynique, amorale et même un peu misogyne. On est dans un premier temps surpris et assez amusé par les plans machiavéliques de ce petit employé de bureau découvrant avec bonheur la loi des statistiques tout en cherchant sans remords sa place au soleil. Le film souffre ensuite d'un ventre mou dans lequel l'intrigue peine à captiver avant de repartir de plus belle lors de la dernière demi-heure. Le film s'appuie en grande partie sur son histoire grinçante et ses dialogues mais surtout sur son formidable casting avec en premier lieu un Jean-Louis Trintignant impériale. Le comédien est très drôle , parfaitement collé à son personnage et c'est un bonheur de le voir jouer les vieux beaux avec une moto toute neuve, tenter d'assassiner un type à la carabine, faire des petits sauts et pousser des cris de joie en espérant avoir éliminer un rival ou jouer l'homme triomphant entre deux femmes soumises et dévouées. On retrouve aux côtés de Jean-Louis Trintignant les délicieuse Mireille Darc et Bernadette Laffont mais aussi Claude Piéplu, Léa Massari et Bernard Fresson. Le film de Gerard Pirès fera parfois penser à du Bertrand Blier notamment lors de quelques scènes de ménage à trois entre Trintignant, Darc et Laffont qui tournent autour de la bouffe, du cul avec un soupçon de phallocratie, le tout dans un carcan d'écriture très théâtrale. Le film s'aventure aussi parfois vers un humour plus absurde lorsque la maladresse et les circonstances entrainent cascades et catastrophes autour du malheureux Fred.

L'Ordinateur des Pompes Funèbres reste une sympathique petite comédie qui aurait sans doute méritée de se retrouver boosté par un peu plus de noirceur et surtout une mise en scène moins impersonnelle