En 1988, sur l'Île d'Ouvéa en Nouvelle-Calédonie, des troupes militaires françaises donnent l'assaut, après l'assassinat de quatre gendarmes, à la gendarmerie, puis la prise d'otages par des indépendantistes Kanak de vingt-sept gendarmes mobiles, entre les deux tours de l'élection présidentielle....
Mathieu Kassovitz est un mec énervant. Talentueux, il est un des rares réalisateurs français à faire de la mise en scène, à l'instar de Florent Emilio Siri. Son travail est toujours méticuleux, réfléchi. L'influence des grands maitres d'Hollywood (Spielberg, De Palma, Scorsese) est évidente mais jamais écrasante. Le montage est soigné, la photo léchée, la mise en scène carrée (et souvent virtuose). Il suffit de revoir Assassin(s), son meilleur film. Une véritable claque en terme de réa.
Seulement le bonhomme est aussi un chien fou, qui ouvre sa gueule pour un oui ou pour non, et qui montre, hélas, une conscience politique limitée. Ses déclarations sont souvent maladroites, ses propos parfois douteux (sur le 11 septembre, notamment) , et ses partis paris dérangeants (il dit être du coté "des casseurs"). En gros , Kassovitz, c'est un Balavoine bloqué dans les années 80-90, qui ne cherche jamais la complexité (ou alors quand ça l'arrange).
L'ordre et la morale est un exemple saisissant. Kassovitz est passé à coté du sujet. Il aurait pu en faire son chef d'oeuvre.
Comme toujours, la mise en scène est une claque : cadrage parfait, découpage impecc', montage extra... Rien à dire, c'est du super boulot.
Malheureusement, le propos est toujours aussi douteux et manichéen. Dans le pourtant excellent Assassin(s), Kasso se mélangeait les pinceaux en confondant discours bobo-gaucho-progressistes (si les jeunes sont des racailles, ce n'est pas de leurs fautes...) et propos réactionnaires (... c'est de la faute de la télévision ! ).
Ici , il jette la complexité à la poubelle. les Kanaks sont des gentils, les soldats français des méchants. (Sauf son personnage, qui est gentil et intelligent).
Bref, Kassovitz a choisi son camp, comme toujours. Mais un peu de nuance n'aurait pas fait de mal....