Résumer en deux heures et demie le parcours sanglant des terroristes de la Fraction Armée rouge au milieu des convulsions historiques des années 60 et 70 semblait voué à l'échec. Mais contre toute attente, le réalisateur Uli Eidel , avec les moyens considérables mis à disposition par le producteur et scénariste Bernd Eichinger parvient à dérouler avec un certain brio le fil d'événements complexes dont l'enchaînement sur plus de dix ans a marqué l'histoire contemporaine. Filmée comme un thriller, cette chronique speedée des années de plomb n'explique rien, ou si peu, des motivations de ces jeunes gens bien sous tous rapports transformés en tueurs sans scrupules par une idéologie aussi sinistre que sommaire, et encore moins du rôle de la RDA à l'affût derrière le mur de Berlin. Mais à défaut de mieux comprendre, on redécouvre sans s'ennuyer, partagé entre écœurement et fascination, la mortelle saga de ces héros autoproclamés de la révolution prolétarienne, ressurgis d'une époque à la fois proche et terriblement lointaine.