La belle au bois ui endort...

La Belle au Bois Dormant devait être pour le studio Disney un grand évènement. Il devait rallier à lui critiques et public, faire s'enthousiasmer les gens comme l'ont fait avant lui Blanche Neige et les Sept Nains ou Cendrillon. Ce ne fut pas le cas. Le film fut un échec qui condamna le studio à utiliser un graphisme simple et économique qui resterait par la suite totalement inchangé, précipitant le studio dans une période noire artistiquement autant que financièrement. En revoyant le film, il me semble évident qu'il n'ait pas pu rencontrer son public. En déséquilibre constant, pas un seul instant l'histoire ne se fait intéressante, à aucun moment les adultes ne trouvent à quoi se rapprocher, tandis que les enfants, eux, sont rebutés par la grande froideur des graphismes. Bref, le film ne trouve pas son public et ne satisfait personne.

Le graphisme très particulier est cependant très intéressant dans son concept. Voulant respecter l'aspect moyennageux, tout a été pensé comme une tapisserie médiévale en mouvement. Le décor, notamment, est particulièrement réussi, avec ses décors aux traits géométriques, ses détails reprenant avec fidélité ceux des artistes de l'époque. Et si la forêt est un peu froide, les intérieurs, notamment de chateaux, sont absolumment merveilleux, donnant une impression de grandeur sidérante. On en sentirait presque la fraicheur des murs. Les personnages, eux, sont également très réussis dans cette optique, mais leurs traits carrés leur retire une grande part de sympathie et de chaleur. Aurore n'a absolumment pas un physique crédible. Elle n'a que 16 ans, rappellons le, et son visage est celui d'une femme de bien plus de 20 ans !

Mais ce qui gêne le plus dans les personnages, ce ne sont pas leur apparence, ce sont leurs caractères. Aurore, sensée être l'heroine, est tellement naive, innocente, fleur bleue, puérile et surtout passive, qu'elle en est insipide. Aucune sympathie ni aucune envie de la suivre ne se fait sentir. La jeune fille est plate, sans consistance, contrairement à Blnche Neige et Cendrillon qui, certes, étaient romantiques et passives, mais qui avaient au moins un charme certain dans leur candeur. Et ce n'est pas son alter-ego tout aussi ridiculeusement romantique a l'exces, qui va rattraper les choses. Les rois sont eux, plutôt des bouffons comiques sans rôle dans l'histoire et très peu attachant. Les véritables héros de l'histoire sont en réalité les trois fées, sympathiques, amusantes, mais plus comiques qu'autre chose, ce sont de bons personnages, mais peu marquants (et bien sur, la petite ronde, c'est la plus comique... soupir). On a déjà vu bien plus définis comme personnages. En réalité, celle qui ne déçoit pas est Maléfique. Tout simplement parfaite, la méchante est remarquablement dessinée et animée. La géométrie des traits lui réussit à merveille et sa transformation en dragonne terrifiante et dangereuse est le seul moment reellement prenant de l'intrigue, notamment, aussi, parce que la mise en scène de cette partie est remarquable.
Avec des personnages aussi pauvres, l'histoire en pâtit méchamment. Le scénario s'étire en longueur, entre moments de niaiserie et humour, certes sympathique mais pas toujours utile au récit, qui font que l'histoire n'avance que par à coups et entre des moments sans grand intérêt. Je me suis assez ennuyée devant tout cela, exaspérée que j'étais en plus par le caractère des personnages, jusuq'à ce que le tout décolle soudainement lors du combat ultime contre Maléfique. Alors, le film prend tout l'intérêt... mais hélas, la résolution est beaucoup trop rapide, beaucoup trop simple et la scène trop courte. Le moment de grace à peine commencé, il se termine déjà. Dommage...

Heureusement, La Belle au Bois Dormant se rattrappe avec ses superbes musiques. Le fait de les emprunter au répertoire classique est sans conteste un plus. Se mariant parfaitement avec l'aspect du film, envoutante, la musique est un point fort et demeure inoubliable. Même les morceaux chantés, malgré la relative imbuvablité des scènes qu'elles habillent, restent facilement et agréablement en tête.

En résumé, c'est un film en parfaite demi-teinte que nous offre le studio à l'aube des années 1960. Une histoire et des personnages insipides et une qualité visuelle et auditive impressionnante se mélangent, le condamnant à ne pas reellement trouver sa place dans mon coeur. Pour le travail remarquable, il mérite la moyenne -mais seulement elle.