Le deuxième long-métrage du fils Bedos débute comme une série Netflix : sur les chapeaux de roues. Pendant pas moins de 30 minutes, nous sommes emportés malgré nous dans une déferlante de scènes montées à toute allure et qui se révèlent d'une étonnante vulgarité. Ça s'insulte, ça s'engueule sur les toilettes, ça vomit, ça se trompe et se jette à la rue en pyjama. Rares sont les débuts de films aussi ratés.
Malgré le chaos, le spectateur parviendra à déceler le pitch : Victor, dessinateur sexagénaire dépassé par son temps et quitté par sa femme Marianne, se voit offrir une expérience immersive dans son passé, proposée par une boîte spécialisée faisant intervenir décors, acteurs et effets spéciaux.
A partir de là, le film reprend une cadence soutenable et laisse enfin le temps aux
personnages et au récit de s’installer et se dérouler. On y retrouve Victor (Daniel Auteuil), cravaté et revêtant sa plus belle moustache, accoudé au comptoir d’un vieux bistro à attendre sa belle, le sourire aux lèvres dans son passé artificiel. Tout y est : la déco, les pattes d'eph, le jukebox, l'ambiance enfumée et le téléphone à cadran. Nous sommes venus pour ça après tout. Mais bien entendu ça ne suffit pas et passé le cocon réconfortant du film d'époque, les faiblesses du films sautent aux yeux.
A mesure que Victor se ruine pour prolonger son plaisir et que Marianne ressent le manque de son mari, nous, spectateurs, sommes gagnés par l'ennui. Les dialogues sont convenus et plus écrits que véritablement incarnés. Les sentiments sont exacerbés et le réalisateur nous dit quand rire et quand pleurer à coups de musiques tantôt yéyé tantôt mielleuses. Un Disney en somme.
Les acteurs qui jouent des acteurs sonnent faux et en particulier Doria Tillier (Marianne jeune), qui, aussi belle qu'elle soit dans sa robe psychédélique, passe pour une gourde tant elle use et abuse de mimiques. Et je passe sur le pseudo couple passionnel qu'elle forme avec Guillaume Canet tant on n'y croit pas une seule seconde.
Il n'y a pas que l'expérience de Victor qui soit artificielle, tout le film l'est. C'est dommage car l'idée était séduisante par son originalité et parce que, qu'on se le dise, les seventies, c'était vraiment la plus belle de toutes les époques.