Quand il s’agit de film de genre, la dénomination du cinéma italien n’est jamais bien loti. La preuve avec ce qu’on a appelé le « western soja » ! Après le dédaigneux « western spaghetti », voici le nom qu’on a donné à ce sous-genre du cinéma italien qui mélangeait western et kung-fu. En même temps, il n’y avait que les Italiens pour penser à ce mariage improbable. Alors que le western vivait ses dernières heures et peinait à se réinventer pendant que le cinéma asiatique tentait de percer dans le monde occidental, on imagina conjuguer les deux genres. En 1974, le western italien avait depuis un bon moment perdu de son sérieux et le film de kung-fu cartonnait grâce à Bruce Lee sur les écrans européens. C’est donc avec la mythique Shaw Brothers que les producteurs italiens montèrent ce projet pour le moins fantasque. Cependant pour en assurer, au moins, le succès financier, on réunit deux têtes d’affiche susceptibles de remplir les salles aussi bien en Europe qu’en Asie et qu’aux États-Unis. Et avec le très honnête Antonio Margheriti derrière la caméra, on assure un résultat plutôt cohérent.
Sur le papier, évidemment, l’attelage fait un peu peur et on s’attend au pire. Mais le résultat est finalement éminemment sympathique. Sur le ton de l’humour, mais pas de la grosse pochade qui cartonne alors avec la paire Bud Spencer – Terence Hill, le film se révèle plutôt habile pour dérouler une aventure haute en couleurs avec un duo que tout oppose mais qui s’entend, au final, comme larron en foire. Plutôt que de choisir un acteur du type d’Owen Wilson (pour ce qui donnera Shanghai kid dans les années 1990), les producteurs ont réussi à convaincre un Lee Van Cleef plutôt éloigné des pantalonnades (même lorsqu’il interprète le personnage de Sabata) qui fait un parfait contrepoids à son partenaire spécialisé dans le kung-fu et qui cherche un trésor dont les indices sont situés sur les fesses de quatre prostituées que le duo recherche à travers l’Ouest. L’aventure est au rendez-vous, l’humour et l’action aussi, autrement dit, l’objectif est parfaitement atteint. Si les combats de kung-fu sont évidemment un peu faibles, ils ne phagocytent pas le récit et restent vraiment à la marge de l’ensemble qui suit les péripéties de nos deux compères.
Plutôt drôle et entraînant, le résultat n’est pas le nanar qu’il aurait pu être, loin de là, même si les dialogues (féminins notamment) sont un peu faibles, les duels plutôt sommaires et l’intrigue mince comme un fil. On se laisse facilement emporter par cette aventure très divertissante qui vaut beaucoup mieux que de nombreux westerns italiens réalisés en bout de piste. Et on salue évidemment l'opportunisme intact des producteurs qui, en France, ont trouvé un titre susceptible d'attirer les foules.
6,5