La Cité de Dieu par Cinemaniaque

Revu pour la dixième fois, et toujours ce même plaisir, celui d'un film magnifiquement abouti malgré sa complexité. Avec sa galerie impressionnante de personnages, dont aucun n'est délaissé (faut dire que leurs caractères aident), son récit très riche de détails essentiels parfaitement intelligibles, et sa durée prodigieusement rendue "courte" par le rythme endiablé de la réalisation, parfois clipesque mais jamais excessive, La Cité de Dieu est un monument de bravoure : cinématographique, pour tout ce que je viens d'énumérer, et plus encore (les acteurs, amateurs, sont merveilleux, et la voix-off est parfaitement maîtrisée) mais aussi humain, puisque le film reflète une certaine réalité des favellas au Brésil (Fernando Mereilles : "Lors de ma première visite à Cidade de Deus, j'avais parqué ma voiture dans une rue très animée et poursuivi à pied, escorté par un jeune complice des dealers, censé m'éviter les ennuis. A peine avais-je fait trente mètres dans la Cité, qu'un garçon me braqua par derrière avec un énorme pistolet. Il aurait fait feu sur le champ si mon accompagnateur ne s'était interposé. Cinq secondes plus tard, le gosse au pistolet s'était évanoui dans la nature. Le coeur battant, j'ai réalisé que Paulo Lins (auteur du roman original, issu des favelas) n'avait rien exagéré."). Pleinement inscrit dans son époque d'un point de vue formel, sans que cela ne le vieillisse 10 ans plus tard, La Cité de Dieu reste un film culte à ne vraiment pas sous-estimer.