A voir les notes en lignes et les tops des films de Robert Aldrich, "Hustle" ne semble pas soulever un fol enthousiasme. Et je peux comprendre pourquoi, tant ce polar désarçonne.
D'abord il ne s'agit pas vraiment d'un polar. Oui, ça démarre avec un cadavre de jeune fille retrouvé sur la plage. Mais l'affaire sera rapidement classée, et notre héros flic vaguera à diverses occupations policières, même si les parents de la victimes reviennent vers lui à plusieurs reprises. Le scénario s'intéressera plutôt au fait que le policier soit en couple avec une prostituée haut de gamme (Catherine Deneuve), prestataire de service pour un suspect.
Certes, ça avance lentement, et ce couple n'est pas passionnant. Certes ça se perd parfois en sous-intrigues qui ne connaîtront aucune résolution, voire aucun développement (!). Certes, Burt Reynolds est plutôt fade et primaire dans un rôle principal pourtant intéressant. A vrai dire je lui ai largement préféré son partenaire à sang chaud, joué par Paul Winfield.
Mais il faut reconnaître le côté grinçant du film. Robert Aldrich dénonce un système à deux vitesses, où la justice et la police ne peuvent plus décemment défendre les modestes travailleurs, tout en protégeant les riches. Par exemple à plusieurs reprises, les personnes discutant avec notre héros au sujet de la victime lui demanderont "c'est la fille de qui ?". Certains trouveront le propos facile, mais il s'inscrit ici avec un certain cynisme dans le Nouvel Hollywood.
Il y a également ces étranges références à la pop culture. Personnages ou chansons des années 30/40, époque censée être plus vertueuse dont le héros est nostalgique. Et des films ou séries que nos personnages regardent, dans des moments parfois incongrus.
"Hustle" est donc effectivement un Robert Aldrich mineur, pour autant pas inintéressant. Et restez bien jusqu'au bout, vous y apercevrez l'un des premiers rôle de Robert "Freddy" Englund !